La naissance d’un supergroupe composé de musiciens ayant officié avec The Police, Level 42, ou encore Talking Heads, a de quoi faire saliver sur le papier. Stewart Copeland est à l’origine de ce projet, qui n’était à la base qu’un hobby récréatif lors de ces nombreux voyages en Italie. Habitué du circuit indépendant à l’inverse de Sting, et friand de collaborations extravagantes, comme l’affirme Oysterhead avec Les Claypool, l’album éponyme “Gizmodrome” voit le jour.
Le design de la pochette, penchant entre la couverture de “With The Beatles” et la typographie du groupe français Mörglbl, nous indique que l’aventure auditive que nous tenons entre les mains risque fort de ne pas être commune. Le mot d’ordre lancé par “Zombies In The Mall” est festival. Les influences déferlent à travers le jeu particulier de chaque musicien apportant une touche d’horizons différents. Riffs fleurant la funk et section cuivre à l’appui, Copeland dégaine le micro et pose sa voix de crooner sur des paroles surréalistes à la limite du dadaïsme. Le leader de cette formation tient également sa place derrière les fûts, tandis que Mark King nous gratifie d’un jeu de basse enchaînant lignes endiablées et slap ravageur comme le démontre “Spin This”.
Il sait se faire discret tout en accentuant sa présence lorsque le moment est adéquat, à l’instar du guitariste Adrian Belew. Ses gimmicks rock n’roll (“Amaka Pipa”) et ses solis enchantés (“Strange Things Happen”) accompagnent le clavier de Vittorio Cosma, qui saupoudre chaque morceau de son savoir faire et de son éclectisme (“Stark Naked”). Chaque membre prend place parmi les chœurs, artistes malléables et accomplis qui s’adonnent à la frénésie jazzy pour mieux nous dévoiler un univers élaboré, mais beaucoup trop nébuleux.
L’ensemble manque de cohérence qui fait le charme d’un concept album. Les attentes concernant des artistes de cette trempe sont probablement trop hautes, et le fantasme d’une telle formation laisse place à une certaine déception qui ne s’estompe pas au fil des écoutes. Faire preuve d’un tel éclectisme demande également une rigueur de composition pour que l’auditeur ne se sente pas lésé. On peut ressentir le plaisir que les musiciens prennent lors de ces sessions, mais le partager n’est pas tâche facile. L’exercice exige une immense aura, comme pour Captain Beefheart et Frank Zappa qui aborde pourtant une forme plus expérimentale que la musique de Gizmodrome. La déconstruction des genres, basée sur le free jazz et le rock, ne signifie pas l’absence de mélodie entraînante. Le fils de Stewart Copeland le met en pratique depuis onze ans avec son trio, The Hot Head Show.
Ce premier effort studio résulte en un disque divertissant qui risque de diviser, Gizmodrome ne fait qu’effleurer l’idée d’une réunion portant sur le jazz rock fusion. Le quatuor paraît être en roue libre pendant une douzaine de morceaux, réduisant l’impact d’une production soignée qui mérite à l’avenir d’être davantage sobre et enthousiasmante.
Informations
Label : Verycords
Date de sortie : 15/09/2017
Site web : www.facebook.com/Gizmodrome
Notre sélection
- Sweet Angels (Rule The World)
- Amaka Pipa
- Spin This
Note RUL
2/5