Gong – I See You

Quarante-trois ans après la sortie de l’incontestable “Camembert Electrique”, le vaisseau Gong débarque sur Terre avec un nouvel album, “I See You”, sorti le 10 novembre dernier. Suite aux nombreuses déformations et reformations durant ces dernières décennies, la formation ne déroge pas à son genre rock psychédélique et space rock qui n’a littéralement pas prit une ride. Inutile d’imbiber vos buvards pour être transcender à bord de la nouvelle expédition intersidérale de Gong.

L’opus commence avec “I See You”, la compagnie Allen père et fils nous taquine dès les premières secondes avec ses cymbales et cette voix électrisante. Ils enchaînent avec “Occupy”, morceau aux vapeurs de hard rock et ramené aussitôt aux influences jazzy avec le saxo de Ian East. Le trio basse/batterie/guitare impose un free way magique avec “When God Shakes Hands With Devil”, une pure montée d’acide quand la flûte fait son apparition. Retour aux racines 70’s de par le côté répétitif et hypnotique de la mélodie. Émergence totale dans le monde des substances incisives avec “The Eternal Wheel Spins”, titre rappelant l’univers de Lewis Carroll façon rock. Place au poème et discours de “This Revolution”, l’optique de ce message est chamaniste et superbement orchestré par ces géants bien barrés. Les notes se dissèquent et s’étirent à en faire pleurer ses instruments avec “Zion My T-shirt”. Image de lutins sous prozac avec “Pixielation”, le sourire aux lèvres, les poches remplies d’antidotes hallucinogènes et le tour est joué ! Si vous êtes de fins amateurs de “Brain Damage” des Pink Floyd, vous serez envoûtés par “A Brew Of Special Tea”, plus question de réfléchir, juste de sentir votre corps vibrer dans chacune de ces parcelles. On éprouve un violent désir de changer d’époque quand on se plonge dans “Thank You”, il est clair que le groupe a largement dépassé la dose prescrite et n’hésite pas à faire gronder les guitares ! Dernière escale de libération avec ” Shakti Yoni & Dingo Virgin”, la musique est sensorielle, organique et transcendantale.

Dans ce dernier album, Gong vacille entre le mythe de Glycon (l’oracle serpent), Ouroboros (dieu de l’éternel recommencement) et du serpent arc-en-ciel, qui détient le rôle crucial dans le temps des rêves. Merci pour ce moment épidermique. A quand le live ?