Deux ans après le très léger et joyeux “Youth Authority“, les Good Charlotte semblent être de retour en ayant mis les petits plats dans les grands. Visuels bien plus sombres, déclarations à tout va concernant l’honnêteté presque crue mise dans les paroles de ses nouvelles chansons, tout semble indiquer que le groupe américain souhaite prouver une certaine maturité. Si ce genre de démarche a pu lui réussir par le passé (le quasi-diptyque “The Chronicles Of Life And Death” – “Good Morning Revival”), voyons ce qu’il en est pour cette nouvelle mouture du quintette.
Et ça commence plutôt bien, entre l’intro “Generation Rx” et “Self Help”, on peut dire que le mélange ambiance sombre et froide avec la touche Good Charlotte indéniable, ce début d’album a tous les atouts pour séduire tant les anciens fans que les nouveaux venus. Et par les nouveaux venus, on décèle déjà assez clairement vers quel genre de groupe Good Charlotte souhaite se tourner, on y reviendra plus tard.
Malheureusement, on se fait une idée assez précise de ce disque assez rapidement. Et ce n’est pas dû au format de l’opus (neuf chansons pour trente-et-une petites minutes). En effet, la production et l’esprit des chansons suit une cohérence indéniable mais qui a pour contre poids de surtout donner le sentiment d’écouter un seul et même morceau sans qu’il y ait vraiment de bas, certes, mais de haut encore moins. Les rythmiques sont toujours plus ou moins les mêmes, le chant de Joel Madden n’est pas des plus aventureux (bien que la formation s’essaie à incorporer de petites nouveautés comme quelques cris disséminés de ci et là) et les mélodies tournent un peu en rond. GC a pourtant misé une grande partie de son propos sur l’apport des claviers de Billy Martin, qui n’est pas le dernier quand il s’agit d’ajouter cette petite touche qui vous fait passer une bonne chanson d’un morceau qui va vous rester en tête un bon moment.
En bref, le tout manque clairement de folie. Benji Madden nous déclarait : “it’s all about the lyrics” et on peut comprendre ce qu’il entend par ce biais tant les chansons ne présentent pas les petites surprises qui faisaient de certains essais de Good Charlotte de vraies pépites, même après plusieurs écoutes. On est loin de l’originalité et du jusqu’au boutisme de “The Chronicles Of Life And Death” ou de la diversité d’un “Good Morning Revival”.
Pourtant Good Charlotte n’a visiblement pas hésité à élargir son cercle d’influence. Pas assez visiblement puisque si la présence de Sam Carter (Architects) relève du clin d’oeil agréable, mais sous employé tout de même, les Américains frôlent parfois le plagiat avec d’autres Anglais… Bring Me The Horizon ! Compliqué de ne pas penser au combo originaire de Sheffield à l’écoute des guitares de “Self Help” ou de “Actual Pain”, de la production générale de la batterie et de certains gimmicks rendus célèbre par BMTH sur ses deux derniers efforts studio notamment. Si l’intention était louable de la part de Good Charlotte, ouvrir ses horizons (sans mauvais jeu de mot) implique aussi de pouvoir distiller ses nouvelles influences avec plus de parcimonie et de finesse. On vous défie de ne pas chanter “Follow You” par dessus “Prayers”.
Petite déception sur ce nouvel album de Good Charlotte. On a le sentiment que les musiciens, en jouant la carte de la maturité et d’axer le propos sur des chansons plus profondes, ont pris un peu peur et ont oublié la fraicheur et la spontanéité qui a pu être la leur. Pourtant les idées sont là, c’est indéniable, mais le tout manque de passion et de prise de risque. On retiendra tout de même que, et c’est un fait plutôt rare dans la carrière du quintette, les ballades que sont “Cold Song” et “California” sont parmi les titres les plus réussis de l’ensemble. Ce qui prouve bien que quelque part, on marche un peu sur la tête.
Informations
Label : BMG
Date de sortie : 14/09/2018
Site web : www.goodcharlotte.com
Notre sélection
- Generation Rx
- Leech
- Self Help
Note RUL
3/5