Gorod – A Maze Of Recycled Creeds

Les Français de Gorod reviennent ce mois-ci avec un cinquième album intitulé “A Maze Of Recycled Creeds”, troisième effort en trois années, et le premier avec Karol Driers, le nouveau batteur du groupe.

Gorod n’a jamais hésité à faire ce qu’il aimait, ce qui lui plaisait, en restant authentique, et cela est toujours vrai sur cette réalisation. Le style jazzy tech death metal qui lui est propre continue de résister, et le nouveau membre du quintette n’a en rien changé cette logique musicale. Les Bordelais ont un talent indéniable pour l’écriture, et n’hésitent pas à repousser les limites musicales pour essayer un résultat toujours plus extrême et travaillé. Pour autant, l’opus s’ouvre tout en douceur sur “L’Air De l’Ordre”, une piste chuchotée, murmurée au piano, ce qui pourra s’avérer surprenant venant d’eux. Mais la piste suivante donnera un tout autre ton, bien que cette légèreté résidera malgré tout le long des pistes, par des riffs aériens, des instants plus groovys, dansants, ou encore la présence de claviers par moments. Vocalement, Julien, le chanteur, nous offre davantage de diversité également, entre chant clair et growls lourds, presque raclé, vers lesquels l’effort tendra davantage.

Quant aux paroles, le combo nous offre un travail remarquable, articulé autour de la religion, du culte, et notamment de l’Ordre de la Rose-Croix, dont ils font référence dans “Temple To The Art God” : “Let us cross the dagger and the rose / Let us form a holy militia / To revive the nobility of mankind”. De façon générale, les compositions sont riches, et ne sauraient se contenter d’une écoute oisive pour être appréciées à leurs justes valeurs. Tout est fait dans une technicité extrême, au point où jamais Gorod n’avait produit une telle qualité auparavant. Tout est bien jaugé, articulé, de façon à ce qu’aucun instrument ne prenne le pas sur un autre, mais davantage le souligne. Sans le faire de façon forcément flagrante, Gorod a évolué, et malgré la pâte qui reste dans l’écriture, les morceaux évoluent, en qualité et en assurance, acceptant davantage de challenges. Cet essai constitue une nouvelle strate dans sa carrière, pour ne pas dire sans doute la plus importante, tant le disque semble se présenter comme une pointure du death metal, pour ne pas citer tous les registres qu’il implique.

Avec cette sortie, cela ne fait aucun doute que Gorod mérite sa place sur le podium des meilleurs groupes du genre, si ce n’est une place spéciale tant leur identité musicale est affirmée.