GrimLake est le nom du projet mené par le musicien Mathieu Legros et qui s’était fait connaitre il y a trois ans avec un premier EP, “Twin Sun”. Ces quatre premiers morceaux avaient alors attiré l’attention de la “sphère” post rock et les critiques furent positives. Si bien que le groupe fit ses débuts en live en première partie de rien de moins que les Irlandais de God Is An Astronaut. Occasion durant laquelle ce fut une confirmation pour ceux qui avaient écouté l’EP, et une vraie bonne découverte pour les autres (le public avait à l’époque demandé un rappel, c’est dire). La sortie d’un premier album, intitulé “Atlas Hands”, ne pouvait donc que réjouir, et les attentes avaient tout pour être comblées.
Visuellement, “Atlas Hands” reste dans la lignée de “Twin Sun” : pochette en noir et blanc, et là où l’EP semblait indiquer le début du voyage pour l’auditeur, l’ensemble est dans la continuité et prend du recul avec une vision d’ensemble sur le globe et ce qui semble être une mise en opposition entre la nature et la ville. Car oui l’écoute de ces cinq nouveaux morceaux (les quatre autres étant issus du précédent EP) est un véritable voyage. Et un beau voyage. Dès les premiers sons de “Run Into The Night”, l’auditeur est happé dans l’univers de l’artiste et de l’opus. Et hors de question d’en sortir avant la fin des quarante-sept minutes tant l’effort se veut cohérent tout en étant varié. A la fois énergique et aérien, plein d’espoir et mélancolique, lumineux et sombre, “Atlas Hands” vous fera voyager non pas seulement visuellement, les paysages défilant dans votre esprit, mais également émotionnellement. Et après tout, la musique, et plus particulièrement le genre post rock, ne sont-ils pas faits pour ça ? Les extraits de discours sur “Everything Everywhere” et “Obedience” ont une vraie valeur ajoutée et se marient parfaitement avec la musique, apportant à ces morceaux une excellente introduction et une touche d’émotion supplémentaire. Les influences, telles que God Is An Astronaut ou Mogwai pour ne citer qu’elles, sont présentes, mais à aucun moment ne prennent le pas sur la réelle personnalité et l’univers de l’artiste. On ne peut d’ailleurs qu’être (très agréablement) surpris de voir un jeune musicien français sortir un premier opus d’une telle qualité. Dans l’esprit de la démarche, et dans un style différent certes, cela pourra d’ailleurs rappeler l’excellent Nicolas Chapel et son projet Demians. Le voyage prend fin sur le magnifique “Absolute Zero” et sa délicate montée en puissance sur fond de piano et de violon, et dont le sommet voit l’artiste livrer quelques lignes de chant d’abord discrètes, puis plus puissantes, mais toujours justes et qui tombent comme un parfait final.
La conclusion de ce voyage se veut-elle positive ou négative ? La civilisation prend-elle le pas sur la nature qui se meurt, ou est-ce la nature qui regagne du terrain et reprend ses droits ? A chacun de se faire sa propre idée et de ressentir le voyage à sa manière. Mais vous l’aurez en tout cas compris, il est très fortement conseillé de ne pas passer à côté de ce petit bijou de post rock. Et un dernier conseil pour profiter de cet essai dans les meilleurs conditions : écoutez le au casque, les yeux fermés, et sans aucune sorte de pollution sonore ou visuelle.
Informations
Label :
Date de sortie : 15/06/2015
Site web : grimlake.bandcamp.com
Notre sélection
- Obedience
- Absolute Zero
- Dying Stars
Note RUL
4.5/5