Heymoonshaker, c’est d’abord l’association de la beatbox et du blues. Association faite d’une rencontre, il y a trois ans, entre Dave Crowe et Andy Balcon, en Nouvelle-Zélande. Commence alors un tour du monde pendant lequel ils se produisent dans les rues de nombreuses capitales mondiales. Ils se sont par ailleurs fait connaître sur le web, “London Part Two” (titre joué en live dans les rues londoniennes) a atteint 10 millions de vues sur YouTube. A la pointe de leur époque, mélangeant beatbox, dubstep avec l’esprit séminal du blues du Delta, le tout emmené par une voix hypnotique, ils réinventent leur futur chaque jour. Ils ont quitté leur route quotidienne de travellers d’auberge de jeunesse en vignobles pour rejoindre la côte (Christchurch) et son circuit de bars-concerts, où leur son a pris forme. Par ailleurs, même s’ils sont dorénavant basés en France, leur maison mère, l’Angleterre les a vu cet été sur les scènes de Beach Break Live, Greenman Festival, Shambala, Wilderness and Kendal Calling. L’an dernier, ils ont même été invités à soutenir Ghostpoet, De La Soul et Baxter Dury au festival Marsatac de Marseille. Bref, “Shakerism” n’annonce que du bon.
“Ten Letter Word”, démarre les hostilités avec un riff blues nerveux habité par une guitare à cheval entre Son House et Seasick Steve. La puissance vocale rappelle Jack White et recouvre légèrement la beatbox, le rythme se ressent et attend d’exploser avec “Wallet Switcher”. Le beat se fait plus lourd, rendu plus léger par une guitare au son clair dans la lignée de R.L. Burnside. Le titre manque de variation, mais la voix hypnotique annule presque cet effet de redondance. “Devil In Mind” calme l’EP et s’extirpe de cet ambiance blues en offrant une musicalité proche de “Sex On Fire” de King Of Leon. La voix granuleuse se fait plus douce et le beat hâte le pas sans jamais se presser, induisant une puissance aérienne très pop. “Premature Blues”, se fait nettement plus ska, remontant crescendo vers le blues avec une beatbox saccadée rappelant le rythme du travailleur lorsqu’il casse la pierre. “Cream F Feeling”, de son coté se lance sur les traces de Mississippi Fred McDowell sans oublier Dave Crowe, vrai caméléon qui se prend pour une washboard le long du Mississippi, même le bateau à vapeur se fait entendre au loin, saisissant ! “Big Pop Boom” lance un clash de génération entre le blues et le dubstep avant de s’allier autour d’un rock industriel de très bonne facture. “London Part Two” fait la part belle Dave Crowe qui emmène l’auditeur en pleine soirée dubstep sous amphétamine, explosé par un harmonica vitaminé à la sauce Rednex. “Colly Drop” termine l’ensemble dans une ambiance noisy rock proche de Noir Désir époque “Du Ciment Sous Les Plaines”, avec des redescentes ska et même punk.
Comment harmoniser des styles qui on presque un siècle d’écart ? Demandez à Heymoonshaker : ils ont la recette ! Certains morceaux sont très redondants mais cela n’enlève rien à la performance qui est admirable en soit. Ici l’énergie humaine transcende tout ce matériel électronique si souvent utilisé. “Shakerism” est un excellent EP, aux influences dosées, certes, son côté totalement déjanté, quasi borderline peut être complètement incompris. Mais il reste incontournable, et délicieusement acidulé, pour tout fan de blues et de rock expérimental.
Informations
Label : Les Airs A Vifs
Date de sortie : 18/03/2013
Site web : www.heymoonshaker.com
Notre sélection
- Colly Drop
- Cream F Feeling
- Devil In Mind
Note RUL
4.5/5