Hush Frequency – Hush Frequency

L’exercice de l’EP n’est jamais facile : introduire, le plus souvent pour la première fois, sa musique sur un format court. Dès lors, il n’est pas difficile de comprendre que c’est un format qui ne s’adapte pas à certains genres. Le post rock – et la plupart des styles de musique instrumentaux – en fait partie.

Le post rock des français de Hush Frequency aurait effectivement pu en faire partie. Mais le trio, a, au contraire, profité des contraintes de ce format pour présenter les différentes facettes de sa musique. Ainsi on se retrouve avec des influences jazzy qui côtoient des murs de sons puissants sur “Lowers” alors que des tonalités plus stridentes, orientées math rock, sont explorées sur le titre central “Bye Bye See You”. La basse est très présente sur cet EP et mène même la danse sur le troisième et dernier morceau “Le Noble”. On obtient donc un post rock efficace, avec des ambiances sensiblement variées tout en préservant les éternels codes qui ont fait la gloire du genre (alternance clean/distortion). Mais l’ensemble est bien exécuté et les pistes, entre cinq et six minutes, restent aérées avec de nombreux breaks, notamment une accalmie très aérienne sur le titre central qui permet de faire une pause au milieu de ce court EP. C’est d’ailleurs le point fort de ce dernier : même avec quinze minutes de musique, Hush Frequency laisse ses morceaux, assez progressifs dans leur structure, se déployer et instaurer une atmosphère particulière. Si le discours de la section rythmique est toujours convaincant, les mélodies gagneraient peut-être à être plus présentes par moment, même s’il reste difficile d’en juger sur un format aussi court. Hush Frequency propose un trois titres rafraichissant qui, s’il ne révolutionne pas le genre, demeure extrêmement agréable et aurait gagné en intensité si la production avait été encore plus soignée.

L’épreuve de l’album viendra confirmer ou infirmer ce potentiel, encore parfois retenu, mais qui pourrait bien faire des ravages. En témoigne leur récente prestation à l’Ogresse de Paris. Ce qui est certain, c’est que Hush Frequency porte vraiment mal son nom. Et ce, pour notre plus grand bonheur.