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Ice Nine Kills – Last Chance To Make Amends (2006 Debut Remixed)

Avant les masques ensanglantés et les albums-concepts dédiés au cinéma d’horreur, Ice Nine Kills explorait des terrains bien différents. La réédition de Last Chance To Make Amends, premier LP du groupe sorti en 2006, permet de redécouvrir les balbutiements d’un projet aux ambitions pas si claires.

Une base pop punk assumée

Ice Nine Kills voit le jour en 2002, à Boston, sous l’impulsion de Spencer Charnas et Jeremy Schwartz. Inspiré par les univers littéraires dystopiques – le nom du groupe fait référence à Cat’s Cradle de Kurt Vonnegut – le duo navigue alors entre post hardcore, emo et surtout pop punk. Ce premier album, Last Chance To Make Amends, enregistré avec les moyens du bord, reflète cette période d’exploration artistique où l’identité du groupe se cherche encore. L’album s’ouvre avec “Last Words”, qui annonce immédiatement la couleur : guitares saturées, tempo rapide, mélodies vocales pleines de sincérité adolescente.

Plus loin, “Family Unties (Finding Emo)” joue la carte du refrain scandé et des ruptures rythmiques, évoquant la scène pop punk californienne du début des années 2000, entre blink-182 et les premiers Sum 41. Les influences pop punk se retrouvent également dans “Build A Bridge And Jump Off It”, l’un des titres les plus accessibles du disque, avec son couplet désabusé et son refrain fédérateur. Spencer Charnas, bien que très loin du frontman théâtral qu’il deviendra, affiche déjà un goût pour la mise en scène émotionnelle. La réédition 2025 inclut un inédit “Tossing Kelleher”, enregistré à l’époque mais resté jusque-là dans les tiroirs. Le morceau, dans la veine pop punk des débuts du groupe, s’inscrit parfaitement dans l’univers sonore de l’ensemble.

Premiers frissons, entre références et ironie

Si l’esthétique horrifique n’a pas encore envahi l’univers d’Ice Nine Kills, quelques morceaux laissent filtrer des indices. “Murders And Acquisitions”, clin d’œil à American Psycho, dévoile un goût certain pour le storytelling et les ambiances décalées. L’humour noir fait déjà partie de l’ADN du groupe, comme le prouve “Cinder Blocks And Thank You Knots” et sa construction volontairement chaotique, entre cynisme et désespoir feint. Le tout baigne dans une esthétique emo très marquée, mais teintée d’un second degré qui s’affirmera pleinement dans les années suivantes. Si The Silver Scream (2018) ou The Silver Scream 2:Welcome To Horrorwood (2021) misent sur le second degré pour détourner les codes de l’horreur, Last Chance To Make Amends en pose les premières pierres, de manière plus personnelle.

La réédition de Last Chance To Make Amends arrive à un moment où Ice Nine Kills jouit d’une belle reconnaissance, mais surtout d’une identité artistique pleinement affirmée. Revisiter ce premier album en 2025, c’est remonter à une époque où le groupe cherchait encore sa voix – ou plutôt ses voix – au croisement du pop punk, de l’emo et du post hardcore. En 2006, le genre emo n’a pas encore atteint son apogée mainstream, mais il s’en approche à grands pas. Ce disque s’inscrit pleinement dans cette effervescence, avec ses mélodies tranchantes, son romantisme torturé et ses refrains à fleur de peau.

Rien d’un chef-d’œuvre du metalcore ici – le genre est encore loin dans l’avenir du groupe – mais une pièce fondatrice, imparfaite et sincère, qui permet de mesurer tout le chemin parcouru depuis. Derrière les guitares crades et les structures classiques, certains thèmes, certaines tournures mélodiques laissent déjà entrevoir ce que Ice Nine Kills deviendra. Redécouvrir cet album aujourd’hui, c’est aussi accepter de voir un groupe dans ses premières tentatives, ses hésitations… et c’est ce qui le rend précieux.

Informations

Label : Silver Scream Records
Date de sortie : 11/04/2025
Site web : iceninekills.com

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Note RUL

 3/5

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Marion Dupont
Engagée dans la lutte contre le changement climatique le jour, passionnée de Rock et de Metal le soir !