Iggy Pop, véritable icône rebelle et intemporelle, revient sur le devant de la scène pour un dix-neuvième album studio. Après l’intrigant Post Pop Depression (2016) et la déception de Free (2019), à quoi peut ressembler un nouveau disque d’un ovni musical sur qui le temps ne semble pas avoir d’emprise ?
Punk forever
Iggy Pop semble avoir vécu plusieurs vies tant son parcours est atypique. Ses nombreuses frasques, son attitude résolument punk et sa capacité à se balader d’un style musical à l’autre en fait un artiste imprévisible qui sait néanmoins bien s’entourer. Every Loser s’impose comme un savant mélange des influences d’Iggy Pop. Un univers dans lequel l’héritage des Stooges et de Bowie se cultive avec envie. L’ensemble s’ouvre sur le pétillant “Frenzy”, la touche un peu lourde de Chad Smith (Red Hot Chili Peppers) à la batterie fonctionne bien avec la frénésie ambiante. C’est une phrase typiquement Iggy : “Got a dick and two balls, that’s more than you all” que les hostilités sont officiellement lancées.
Iggy Pop manie une verve souvent imagée, parfois taquine et toujours grinçante. Les premières mesures ébouriffantes de “Neo Punk” démontrent toute la pertinence de l’Iguane sur la scène punk actuelle. Un rythme effréné soutenu par une prestation magistrale de Travis Barker (blink-182). L’écriture simple et directe de l’Iguane fait mouche et son rire de fin de titre reflète bien l’état d’esprit du morceau. Cela joue vite, cela joue bien, c’est percutant et tellement jouissif ! Autre petit bijou, “Modern Day Ripoff” est un concentré d’énergie avec des riffs vibrants et des solos de guitares inspirés. Andrew Watt parvient à exprimer toute l’explosivité que reflète Iggy. Un clash des générations pour un titre surprenant.
L’alliance de l’énergie et de l’élégance
Iggy devient crooner sur “Morning Show”, sa voix grave accompagne chaque mot d’une écriture très poétique. Le titre aurait pu bénéficier d’une instrumentation moins dispendieuse. C’est d’ailleurs sur les passages plus minimalistes, avec des passages rêveurs que le morceau prend de l’ampleur. Élégance toujours, mais plus sombre avec “Strung Out Johnny”, dont la noirceur est rehaussée par un clavier nostalgique. L’incorporation de sonorités très Red Hot dans le refrain amène un mélange des genres plutôt réussi. Mélange toujours sur “The Regency” avec une ambiance gothique et un léger excès de complication dans l’écriture musicale.
Iggy Pop s’attaque au narcissisme des comportements actuels sur les réseaux sociaux avec “Comments”. Morceau en partie composé par le regretté Taylor Hawkins (Foo Fighters). Le duo basse batterie formé avec Eric Avery trouve l’intensité juste tout au long du morceau. Chacun laisse de la place à l’autre, les deux restant au service d’un titre particulièrement touchant. Pour couronner le tout, Iggy Pop a déjà annoncé une tournée avec un groupe appelé The Losers, tout simplement constitué de Chad Smith, Duff McKagan, Josh Klinghoffer et Andrew Watt. Une affiche qui met l’eau à la bouche.
Iggy Pop retrouve de sa superbe avec un album où l’esprit punk rencontre une élégance portée par des musiciens inspirés.
Informations
Label : Warner Music
Date de sortie : 06/01/2023
Site web : iggypop.com
Notre sélection
- Neo Punk
- Modern Ripoff
- All The Way Down
Note RUL
4/5