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Imagine Dragons – LOOM

Deux ans après l’ambitieux double-album Mercury, la machine à tubes Imagine Dragons retourne vers quelque chose de plus court, et de bien plus simple avec LOOM, son sixième album studio en douze ans de carrière. Un disque de trente minutes certes agréable, mais qui laisse un amer goût d’inachevé.

Légèreté estivale

Avec LOOM, Imagine Dragons a pris un virage assez serré. Très peu de mélodies dithyrambiques et d’envolées déchirantes comme sur les sublimes “Demons”, “Dream” ou “Next To Me” qui ont fait du groupe américain une référence absolue dans le domaine des ballades pop rock. LOOM se veut plus dansant, plus léger, moins sérieux. Après l’audacieux Mercury, long de plus d’une heure quarante avec ses deux actes mis bout à bout, on comprend que Dan Reynolds et sa bande aient voulu proposer quelque chose de plus accessible. Si Imagine Dragons a déjà démontré sa faculté à produire des titres plus groovy (“Lonely”, “Thunder”), le résultat est ici un peu décevant, la plupart des morceaux se complaisant dans une trop grande simplicité.

L’atmosphère estivale se ressent dès le premier regard posé sur la pochette, qui rappelle l’univers électro-pop du début des années 2010 et sa surexploitation des images de couchers de soleil et leurs dérivés ayant inspiré tant d’artworks de l’époque. Au-delà de l’aspect visuel, certains morceaux donnent aussi l’impression d’avoir reculé d’une décennie : c’est le cas de “Take Me To The Beach” qui ne porte que trop bien son nom avec sa guitare ambiance pique-nique sur la plage, et de “Gods Don’t Pray” qui revêt une rythmique reggae sympathique. Dans une moindre mesure, “Nice To Meet You” et “Kid”, dont les parties de basse en font sans la moindre hésitation les deux meilleurs grooves du disque, apportent aussi leur dose de nostalgie. La première avec ses “tu-tu-tu-tututu” portés par une voix féminine qui se balade sur un refrain grave quasiment parlé; la seconde avec sa batterie dynamique et sa mélodie désinvolte, répondant parfaitement au trottement insouciant de la basse. Ce flegme manifeste désiré dans la tonalité générale de l’album explique sans doute la trop grande banalité qui accompagne la plupart des chansons (“Wake Up”, “In Your Corner”, “Don’t Forget Me”). En effet, cette dernière, qui occupe le rôle de ballade de l’ensemble, est à dix mille lieues de l’exaltation émotionnelle à laquelle nous a habitués Imagine Dragons.

Saveurs maussades

En plus des efficaces “Nice To Meet You” et “Kid”, quelques sections supplémentaires retiennent notre attention. C’est le cas de la très bonne “Eyes Closed”, sortie en single, et qui demeure le meilleur élément de LOOM. Lorsqu’Imagine Dragons expérimente avec des sonorités inhabituelles, il le fait généralement bien : c’est ce que nous avaient montré “I’m So Sorry” et “Dull Knives” pour leur facette la plus rock, ou “Cutthroat” et “Monday” pour leur penchant plus électro. “Eyes Closed” poursuit cette démarche avec ses basses synthétiques surprenantes, et la version produite en feat avec J Balvin offre des parties de rap en espagnol qui ont le mérite de sortir des sentiers battus. “Fire In These Hills”, sorte de synthèse entre ballade et groove, apporte aussi une petite dose d’originalité avec ses interventions au saxophone (qui sonnent encore une fois très années 2010). Mais en dehors de ça, pas grand-chose de très novateur à se mettre sous la dent, ce qui est particulièrement décevant après la diversité de sonorités que proposait Mercury.

Il faut aussi dire que même si les disques d’Imagine Dragons sont souvent assez hétérogènes, l’effort de diversification des influences et des couleurs musicales permet à chaque fois de faire émerger d’excellentes chansons. C’est ce qui fait défaut à LOOM, pénalisé par sa courte durée et sa timidité. En réalité, le disque manque de ces hymnes cathartiques pour lesquels les Américains sont si reconnus, qu’ils soient adorés ou détestés : sans même parler des célébrissimes “Radioactive” et “Believer”, on aurait adoré retrouver des morceaux à la “Natural”, “Birds”, “It’s Time”, “Friction”, “Amsterdam”… D’autant que Dan Reynolds s’est confié sur les tourments personnels qui l’ont habité durant la conception de l’album, qu’il sait d’ordinaire si bien retranscrire en musique avec sa voix polyvalente et chargée d’émotion.

Sur LOOM, on dirait qu’Imagine Dragons a essayé de se créer une nouvelle personnalité, moins dramatique et plus désinvolte. Si l’album est sauvé par son air vacancier et la sensation de nostalgie qui s’en dégage, on ne retrouve pas vraiment les forces du groupe, dont le talent et l’originalité dans la sphère pop rock ne sont plus à prouver.

Informations

Label : Universal Music / Polydor
Date de sortie : 28/06/2024
Site web : shop.imaginedragonsmusic.com

Notre sélection

  • Eyes Closed
  • Kid
  • Nice To Meet You

Note RUL

 2/5

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