Après le succès commercial et critique de 13 (2017), sorti il y a déjà près de sept ans, Indochine revient avec un album en forme de maxi best of de ce que le groupe a pu faire de mieux (et de pire) en plus de quarante ans de carrière.
Reprenant la route déjà bien tracée par Black City Parade (2013) et 13, Indochine est de retour avec un nouveau disque de presque une heure trente (!!!), malheureusement boursouflé et parfois à la limite de l’indigestion. À viser trop haut, on court le risque de se casser la figure, et c’est un peu le cas ici.
Indochine : le meilleur…
L’ensemble démarre fort avec le titre “Showtime” et on entend tout de suite qu’Indochine reste sur les traces des précédentes sorties : de plus en plus d’électro et de rythmes synthétiques. On frôle la perfection de Dancetaria (1999) et de son titre éponyme. C’est l’une des rares fulgurances que l’on retrouve sur ce double album, un instant de pur génie.
Les pépites sont disséminées tout au long du double album : quelques morceaux parviennent à atteindre une symbiose entre les instrumentations riches et soignées (“Babel Babel”, “Girlfriend” avec Marion Brunetto de Requin Chagrin ou “Les Nouveaux Soleils”). C’est d’ailleurs un des véritables points forts du groupe depuis toute sa carrière : sa capacité à composer des mélodies entêtantes, efficaces et ultra pop. Celle de “Sanna Sur La Croix”, par exemple : sans être novatrice, elle est efficace et soutient bien le texte. L’ADN d’Indochine est bien présent et facilement reconnaissable avec des titres comme “Le Chant Des Cygnes” qui rappelle beaucoup “Little Dolls”.
Autre atout : les influences new wave ultra reconnaissables et très présentes. The Cure (le riff de guitare de “Babel Babel”), Depeche Mode et son électro froide. oLi dE SaT a bien fait de réécouter les classiques new wave puisqu’il propose quelques mélodies originales particulièrement inspirées.
Les deux plus grandes surprises sont les titres “Le Garçon Qui Rêve” (coécrit avec la romancière Chloé Delaume) et “Seul Au Paradis”. Symphoniques et accompagnés de cordes et de cuivres, ils clôturent à merveille chacun des deux disques sur une note grandiloquente. Hormis ces deux inclassables, les quinze autres titres suivent une route toute tracée et sur laquelle ils sont en pilote automatique.
…comme le pire
La principale faiblesse est ce qui fait aussi le charme du groupe : les textes. Là où on peut gentiment sourire sur des textes parfois très adolescents, la marque de fabrique de Nicola Sirkis, on commence à trouver cela gênant. Où sont passés les textes de La République Des Météors (2009) ? De Dancetaria ? La poésie funèbre, alimentée par Sylvia Plath ou les écrits de Marguerite Duras, nous semblent désormais très loin derrière nous.
Les thèmes explorés tournent aussi à vide : la sexualité, la confusion des genres, la société… Des poncifs vus et revus depuis plus de trente ans. Encore une fois, cela fait indéniablement partie du groupe, de son ADN et de son discours. Nous savons très bien que cela fonctionnera sur les fans du groupe puisque c’est ce qui fait la réussite du groupe depuis tant d’années. Mais quelques prises de risque auraient été bienvenues et rafraîchissantes, là où on retrouve les mêmes rimes plus ou moins riches, les mêmes thématiques… Tout a un goût de déjà-vu qui nous laisse dubitatifs et sur notre faim. En revanche, on se serait bien passé de l’électro-reggae de “La Belle Et La Bête”, un peu gênant et n’illustrant pas les meilleurs jours du dubstep.
Indochine ne se renouvelle donc pas vraiment avec Babel Babel. Les quelques libertés que le groupe s’autorise ne sont pas novatrices (les longs morceaux peu calibrés pour les stations de radio, par exemple, puisque sept titres dépassent allègrement les cinq minutes). Comme les longues introductions, par exemple : on a clairement l’impression que le groupe a écrit pour préparer sa future tournée de Zénith et sa future setlist de concert.
Problème d’une majorité des doubles albums, Babel Babel est trop long, d’au moins un ou deux morceaux par disque, et aurait mérité des coupes plus franches. Construit de la même manière sur les deux “faces“, Babel Babel tend à la lassitude avec des morceaux trop longs, boursouflés ou inventifs, mais perdus au milieu d’un tracklisting trop fourni.
Informations
Label : Sony Music / Indochine Records
Date de sortie : 07/09/2024
Site web : indo.fr
Notre sélection
- Showtime
- Girlfriend
- Le Garçon Qui Rêve
Note RUL
3/5
Babel Babel très très nul. Je ne reconnais plus Indochine. Textes et musique très ennuyeux. Quelle déception comparé au concert à Lyon que j.ai enregistré et que je ne me lasse pas de voir et d.ecouter. Un RÉGAL