Un album intime et introspectif
Avec ce dix-huitième disque, on peut s’attendre à une énième leçon de rock de Satch. Pas du tout ! Car ce dernier est très différent de la majorité des albums de l’artiste. Le rock, le blues sont bien présents bien évidemment, mais ces sonorités sont bien diluées tout au long de l’ensemble. Ce dernier va, par exemple, à contre-courant du dernier “What Happens Next” (2018).
Tout d’abord, en exemple, sur les deux premiers titres de l’album que sont “Shapeshifting” et “Big Distortion”. Du rock groovy à volonté, deux morceaux assez jouissifs. On sent le groove, on vit le riff, on sent la vibe de ces deux morceaux. Comme si Satriani voulait faire la transition entre le dernier disque et celui-ci. Très bon départ en perspective d’ailleurs.
Cependant, ce “Shapeshifting” ne prend sa réelle couleur musicale qu’à partir de “All For Love”, sublime morceau tout en humilité. Une leçon d’introspection musicale, qui continue jusqu’à quasiment la fin de cet album. En dénotant quelques pistes qui ne sont pas forcément nécessaires. Ces morceaux qui ne restent pas dans les oreilles et les annales comme “Yesterday’s Yesterday”, qui est assez quelconque. Un avis pouvant paraître dur mais propre à chacun.
Rock, World Music et Alien
Évidemment, comme dit précédemment, le rock reste le moteur mélodique de cet album.
Néanmoins, on trouve d’autres essences, d’autres styles qui se combinent à merveille. Comme “Teardrops” et son petit côté celtisant. Ou encore “Ali Farka, Dick Dale, An Alien And Me”, morceau très porté sur les sons, rythmiques africaines, orientales. Sonorités mélangées avec de la “surf music”, combo étrange pour les uns, test concluant pour l’artiste.
On retrouve aussi dans ce disque, du son reggae sur “Here The Blue River”, de la funk sur “Falling Stars”. Ou encore du traditionnel heavy metal sur ” Spirits, Ghosts And Outlaws”. Certes, le titre n’est pas le plus grandiose au premier abord, mais il reste assez agréable à l’écoute.
Avant de dévoiler les morceaux phares, il était nécessaire de s’attarder quelques instants sur les musiciens qui ont participé à “Shapeshifting”. Comme Kery Aronoff (les fans de Chickenfoot connaissent le nom) à la batterie. Chris Chaney (Jane’s Addiction) à la basse, bien présente et joli passage sur “Nineteen Eighty”. Et le retour d’Éric Caudieux aux claviers, après quasiment vingt ans depuis sa dernière collaboration.
Chacun a su ajouter sa vibe, son talent, son essence, son influence, son groove dans cet album. Et cela se ressent de manière indéniable, comme si cela était tout naturel. Il faut donc souligner le grand apport de ces quatre artistes. Permettant à ce disque d’afficher une belle ambiance, ambition et couleur musicale.
Waiting et Perfect Dust
En s’attardant sur ces deux chansons précises, il est facile de deviner qu’elles sont les pièces pivot de l’ensemble. En matière d’émotion, en matière de musicalité, de mélodies. La pudeur, la retenue mais surtout le côté humble, sincère de “Waiting”. Ce titre possède une puissance particulièrement émotionnelle, qui est tant captivante à l’oreille.
Elle rappelle aussi le morceau “Rubina” (prénom de la femme de Joe Satriani), sorti sur “Not Of This Earth”, premier album solo sorti en 1986. Une sorte de “boucle bouclée” comme il peut être utile et nécessaire de faire.
Ensuite, il y a “Perfect Dust” qui est tellement planante, captivante, prenante. Grâce à ses couplets bluesy, subtiles et efficaces à la fois, ce morceau est réellement une sorte de “classique”. A écouter et réécouter un nombre incalculable de fois. Du bon son pour l’âme sans aucun doute !
Introspection et humilité
Ce dix-huitième disque de Joe Satriani est un “must have” à avoir pour tous fans de musique instrumentale. L’absence de paroles, de chants, qui peuvent en dérouter certains n’est aucunement préjudiciable. L’artiste a su encore élever un niveau déjà très très élevé.
Des morceaux notables, des chefs d’œuvres qui font oublier un ou deux titres quelconques. Joe Satriani nous donne rendez-vous avec un album plus personnel, nostalgique et profond qu’à l’accoutumée. Il est du devoir commun d’y répondre avec enthousiasme. L’Alien envoie un nouveau très bon signal, il serait fort dommageable de bouder le plaisir !
Informations
Label : Sony Music
Date de sortie : 10/04/2020
Site web : www.satriani.com
Notre sélection
- Waiting
- Perfect Dust
- Big Distortion
Note RUL
4/5