Joolsy – Bloom Of The Moon

Joolsy n’est pas le genre d’artiste à débouler avec sa pop folk onirique comme un cheveu sur la soupe. Fort d’un EP, “Peaces”, déjà remarqué il y a quatre ans, l’artiste franchit enfin le pas avec “Bloom Of The Moon”, son premier album. Artiste supplémentaire dans une scène pop folk qui sature ou réel potentiel pouvant tirer son épingle du jeu ? Ni vraiment l’un, ni vraiment l’autre.

Tout commence par cette pochette qui illustre le propos éminemment poétique du disque : la floraison d’une lune. Il n’en faut pas plus attiser la curiosité. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que la liste des invités est impressionnante : tour à tour, défilent des parties de violon, violoncelle, contrebasse ou flûte, sur fond de guitare acoustique. Mêlée à cette chaleur omniprésente, la voix de Joolsy atteint des sommets lorsque l’artiste s’essaie aux aigus, comme sur la chanson titre. Le travail opéré sur “When I Feel Strange” est remarquable : les instruments se suivent, les mélodies s’imbriquent les unes aux autres et les chœurs viennent donner de la profondeur. Les ambiances jazzy sur “Famous No-One” sont assez séduisantes et permettent de donner du relief à l’ensemble, parfois trop homogène. Enfin, le duo vocal masculin/féminin sur “Memories Trap” véhicule beaucoup d’émotions. Les violons et la chaleur de l’acoustique créent un cadre de coton dans lequel ces voix évoluent chaleureusement. C’est à peu près tout.

Car l’ensemble, s’il est homogène, souffre d’une réelle diversité au niveau des ambiances et la production manque de relief. La communication se fait mal entre Joolsy et son public : le jeune musicien, grâce à des textes authentiques, véhicule une certaine émotion qui semble se perdre en chemin (“My Sister In Arms”) et on a beau reconnaître le talent intrinsèque du musicien, on n’est pas toujours touché à la hauteur de l’ambition, faute à une bonne moitié de l’opus qui semble moins inspirée que le reste. Les morceaux ne sont pas mauvais, loin de là, car “Bloom Of The Moon” respire le travail des longues nuits d’été, sent l’authenticité à plein nez et la démarche est assurément touchante. Mais la prise de risque est complètement absente de ce premier effort. Le minimalisme assumé, lui, est trop confortable et les contours sont parfois trop sages et trop maîtrisés. On sent quelques rares tentatives comme sur “The Flame Inside Your Eyes” qui, par son énergie, interpelle, quelques solos ici et là mais c’est tout. Au vu du “casting” de ce “Bloom Of The Moon”, il ne parait pas insensé de s’attendre à un peu plus de fantaisies orchestrales.

Ce premier effort de Joolsy est donc en demi-teinte : de bons moments côtoient d’autres complètement oubliables, des émotions riches côtoient des émotions plus éparses, provoquant cette frustration rare qui est d’avoir l’impression de ne pas être en mesure d’apprécier la musique de l’artiste à sa juste valeur. Tout au long de l’écoute, on sent qu’on est pas loin de mettre le doigt sur quelque chose, mais lorsque résonne les dernières notes de “Through The Mirror World”, on comprend avec une certaine amertume que la réponse ne se trouve pas sur ce premier essai. En revanche, il est fort à parier que “Bloom Of The Moon” prenne toute sa dimension en live, ce qu’une release partie le 31 mai prochain, au Supersonic de Paris, devrait confirmer ! Car il ne fait nul doute que Joolsy est en bonne voie pour faire fleurir cette lune, les premières germes brillent déjà sous ses lueurs glaciales.