Huit ans après son dernier album studio (Woman, 2016), le duo français Justice ajoute un quatrième disque à sa discographie. Sur Hyperdrama, ce sont les influences disco, rave et funk qui se rencontrent sur un album proposant la quintessence de ce qu’est Justice aujourd’hui.
Le sens de la fête
Dès les premières minutes jusqu’aux dernières, Justice livre un ensemble tout aussi dansant que les précédents. Et ce malgré les différences évidentes d’influences et de styles que présentent les titres. Lorsque l’on retrouve la même violence que dans la sortie de 2007, le corps se met à bouger de façon irrésistible.
Cela provient en partie des morceaux infusés de gabber, comme le sont “Neverender”, “Generator” ou encore “Incognito”. Quand ce n’est pas le rythme et le tempo survitaminé, ce sont les riffs du genre que le duo sample et ralentit volontairement pour se les réapproprier. Le tout, associé à quelques éléments sonores de rave, nous prépare presque à une nuit sans sommeil dans un nightclub austère.
En plus de tout cela, on retrouve bien sûr des moments très disco qui rappellent aussi le disque précédent, Woman. Et d’autres fois, ce sont plutôt des éléments de funk. Le tout est si bien combiné qu’il est presque difficile de savoir où donner de l’oreille. Des morceaux comme “Incognito” ou “Dear Alan”, hommage à Alan Braxe, l’un des pionniers de la French Touch, font fi des transitions et passent d’une section funk ou disco à une techno froide, sans transition.
L’homme et la machine
La pochette semble le sous-entendre : Hyperdrama est à la fois très humain mais aussi robotique. Notamment grâce aux invités qui viennent poser leur voix sur quelques morceaux. On retrouve ainsi Tame Impala, la Néerlandaise RIMON ou encore Miguel et Thundercat. Du beau monde pour un groupe qui n’avait jamais autant collaboré avec des chanteurs jusqu’à présent. Et même si Kevin Parker fait du Kevin Parker, le label de qualité de Justice est là sans l’ombre d’un doute.
La dualité se retrouve au sein de l’album lui-même, que ce soit dans son flow comme celui des morceaux. On alterne ainsi des titres très lourds, aux basses vrombissantes qui ont fait la renommée de Justice (“Generator”) et d’autres plus sensuels et pop comme le fascinant “Saturnine”, en featuring avec Miguel.
Et parfois ce sont dans les morceaux eux-mêmes que les deux facettes cohabitent. “The End” en est peut-être le parfait exemple, avec sa basse lascive et avec une certaine forme d’agressivité, et les parties vocales très pop de Thundercat.
Hyperdrama fourmille, comme ses prédécesseurs, d’idées, de samples, de mélanges des genres, à tel point qu’il y aurait des pavés entiers à écrire à ce sujet. En fin de compte, ce quatrième album rassemble tout ce que Justice a pu produire au cours de ces deux dernières décennies. Même si l’on retient principalement les morceaux héritiers de Cross et leurs turbines tachycardiques, tous les autres titres ont de bons arguments. Elle est donc là la force de ce disque, autant que les précédents, qui convaincra par le simple fait qu’on y trouvera toujours quelque chose qui nous y fera revenir.
Informations
Label : Ed Banger Records / Because Music
Date de sortie : 26/04/2024
Site web : justice.church
Notre sélection
- Incognito
- Generator
- Dear Alan
Note RUL
4/5