Killswitch Engage – Incarnate

Produit par par Adam Dutkiewicz, “Incarnate” est le septième album du groupe Killswitch Engage, le deuxième depuis le retour du vocaliste Jesse Leach.

“Incarnate” est bien assurément plus abouti que son prédécesseur, “Disarm The Descent” (2013). Le frontman lui-même nous a confié en interview que cet opus était selon lui le meilleur que Killswitch ait fait avec lui. Au risque de piétiner les deadlines, les garçons ont planché dessus jusqu’à se rendre fous, afin d’en faire le meilleur possible. Et à l’écoute du disque, on peut dire que ça en valait la peine. Il offre un son encore inédit jusqu’alors chez la formation. On y retrouve davantage de chant clair, des morceaux beaucoup plus aériens qu’auparavant. Bien sûr, les screams sont toujours présents, mais la voix de Jesse semble désormais prise dans une forme de dualité entre une certaine anxiété, la dureté des paroles, et une nouvelle luminosité intérieure, une positivité, qui ne semblait pas exister avant. “Strength Of The Mind” est le parfait exemple de cette balance entre mélodie et lourdeur.

Côté paroles, les Américains nous démontrent une nouvelle fois leurs talents, en abordant pléthore de sujets liés à la psychologie du genre humain : dépression, violences domestiques (“Quiet Distress”), lutte avec son environnement (“Strengh Of The Mind”). Tout ce que le vocaliste a pu découvrir en se repliant sur lui-même durant l’écriture de cet effort, ou en observant et discutant avec le monde qui l’entoure. Il s’est isolé dans les montagnes, seul, afin de se ressourcer, mais il s’est découvert lui-même en faisant cela. Il s’est questionné sur ses croyances, sur sa foi, sur le monde, sur Dieu, et ces interrogations sont celles qu’il souhaite nous transmettre à travers les titres, en nous permettant de nous y retrouver à notre tour, et de nous sauver de nos tourments. Jesse nous confiera avoir laissé une part de lui-même sur cette œuvre, et de fait, “Incarnate” possède quelque chose de presque organique. On peut sentir la vie à travers lui, grâce à la musique qui nous traverse littéralement, qui semble toucher à ce qu’il y a de plus profond en nous, dans l’être humain, en dialoguant avec notre âme.

“Incarnate” porte finalement bien son nom, puisqu’il remplit sa mission d’être à la fois une incarnation de ce que Killswitch Engage est actuellement, de l’étendue de son potentiel, mais également, il donne l’impression d’être fait “dans la chair”. Mais, peut-être aussi, une notion plus théologique, d’un album qui viendrait pour nous sauver, comme le Christ incarné. Ce n’est pas s’avancer que de dire qu’il est le meilleur de Killswitch avec Jesse, qui signe ici un retour magistral.