Kim Deal – Nobody Loves You More

Après une tournée avec The Breeders en ouverture d’Olivia Rodrigo, la vétérane du rock alternatif Kim Deal débarque dans les bacs avec Nobody Loves You More. À l’instar de Kim Gordon, c’est sous son nom qu’est délivré cette belle preuve d’amour.

Blueprints

Un univers familier teinté des accords cristallins de la Fender Stratocaster nous émerge d’une sensation douce. D’entrée de jeu, le titre éponyme surprend par sa production contrastée. Kim Deal chante un message simple portée par une composition minimaliste, enrobée par de riches arrangements de cordes et de cuivres. L’émotion capturée nous révèle une nouvelle facette de la compositrice, une ambition différente au service de thématiques plus intimes et abordées de façon plus frontale.

Après avoir succombé au rythme jazz du second titre “Coast”, “Crystal Breath” résonne dans les colonnes vertébrales. Le titre est une virée en contrée rock électro avec ce sens de l’arrangement qui reste en tête, et une absence de fioritures. Ce qui va donner à l’ensemble une place pour respirer et résonner avec efficacité. Les chansons s’articulent parfaitement dans un collage pop rock où on retrouve non seulement les schémas de la musicienne, mais aussi beaucoup de partenaires de collaboration.

Links

Et qui de plus qualifié à la production qu’un ami de longue date comme le regretté Steve Albini pour rendre justice à l’oeuvre de la sexagénaire ? L’ingénieur du son n’a jamais manqué une occasion de travailler avec l’ancienne bassiste des Pixies. Le savoir aux manettes de cet album solo est un gage de qualité. L’entourage de la musicienne a répondu présent, des membres passés et présents de The Breeders, mais aussi de The Raconteurs et de Savages.

Bien que ce soit le premier disque que Kim Deal sorte sous son nom, il n’est pas le premier album solo. Revenons en 1995. Les Pixies ne sont plus. En revanche, les Breeders tournent depuis deux ans sur MTV avec notablement le clip de “Cannonball”. Avec le succès de Last Splash (1993), le groupe est sur les rotules. En effet, dispersé entre cures de désintoxication et projets parallèle, l’avenir est incertain. Kim Deal décide alors de former The Amps, dont l’album Pacer peut être considéré comme le prototype. Un projet qui ne s’articule pas autour d’une forme d’émancipation, mais d’une envie de s’exprimer coûte que coûte. Cette expérience finira par mener notamment aux années les plus dures de Kim Deal.

Keys

Après la perte de ses parents avant la pandémie et des mois bloquée dans la maison de plage familiale dans les archipels des Keys en Floride, il y a de quoi coucher sur les partitions. Est-ce vraiment le point de départ d’écriture pour cet album ? En tout cas, il s’agit du fil rouge. Des titres comme “Are You Mine?”, abordant des instants avec sa mère souffrant de la maladie d’Alzheimer, étaient déjà dans les cartons depuis dix ans. Nobody Loves You More révèle fragments par fragments plus de quatre décennies de carrière et de vie.

À travers des mélodies intrinsèques et une sincérité émouvante, Kim Deal livre un album désarmant. Entre ballades hypnotiques et riffs endiablés, Nobody Loves You More est une invitation à la suivre dans son œuvre la plus personnelle.