Kings Of Leon – WALLS

Après avoir traversé une période cahotique marquée par une crise interne et plusieurs albums moyennement appréciés par la critique, Kings Of Leon s’était fait relativement discret. Mais en septembre, une rumeur se répand : la sortie d’un nouvel album serait imminente. Trois singles plus tard, la rumeur se matérialise en “WALLS” (acronyme de “We Are Like Love Songs”), le septième opus du clan de Nashville, publié le 14 octobre. Enregistré à Los Angeles, loin de leur terre de prédilection, aux côtés de Markus Dravs (qui compte sur sa longue liste d’illustres clients Coldplay, Mumford & Sons et Arcade Fire), “WALLS” marque un nouveau départ pour les quatre Followill. Les trois frères et leur cousin, s’appuyant sur des bases plus stables, clament un retour aux sources.

Premier clin d’œil à leurs débuts : l’artwork. Peu habitués à se pavaner sur la pochette de leurs albums, Caleb, Jared, Matthew et Nathan Followill affichent uniquement leurs visages sur “Youth & Young Manhood” (2003), leur tout premier LP, et sur ce nouvel effort studio. Mais alors qu’ils apparaissaient à l’époque chevelus, barbus et débraillés, ils se montrent ici maquillés, rasés de près, le teint frais, lisse et brillant. Frais et lisse, comment mieux décrire ce disque ? Brillant, légèrement moins. Ce désencrassage sur la pochette est à l’image de l’évolution de leur musique. Loin des jeunes paumés et fougueux de Nashville des débuts, les quatre Followill sont désormais des hommes, qui remplissent des arènes, sont têtes d’affiche de festivals et passent sur toutes les radios. Alors pour le retour aux sources, on repassera.

La vibe garage du sud véhiculée sur les premiers morceaux transparait bien sur certains titres, comme l’enjoué “Find Me”, et surtout sur l’un des bijoux de cet ensemble, “Eyes On You”, parfait relai entre le vieux KOL et le nouveau son. Mais dans l’ensemble, le groupe confirme sa direction vers un pop rock plus clean, taillé pour les radios et les stades. Et si c’est parfois très réussi, on regrette toutefois une uniformisation des morceaux. Parmi les réussites, “Waste A Moment” a clairement été écrit pour être le tube de l’essai, et remplit aisément cette fonction. La recette favorite de la formation ? Des refrains fédérateurs couronnés par des “whao-oh” entêtants, désormais signature de KOL, et des couplets dansants superposés à un rythme soutenu.

A l’inverse, les très répétitifs “Reverend” et “Over” manquent d’originalité et sonnent cruellement déjà entendus. C’est ce manque d’originalité qui ressort de l’album, très linéaire et itératif, manquant d’audace et d’innovation. Ces morceaux auraient pu sans problème figurer sur “Come Around Sundown” (2010) ou “Only By The Night” (2008). “WALLS” donnerait presque l’impression que Kings Of Leon est allé fouiller dans ses tas de face-B pas publiées.

Heureusement, quelques pistes sortent de ce cadre préétabli et voient Kings Of Leon s’aventurer hors des territoires sur lesquels il règne. Le funky “Around The World”, rempli de fraicheur, donne une terrible envie de danser tandis qu’à l’inverse, le plus calme “Muchacho” explore des ambiances plus sombres. Le quatuor s’essaye à la rumba, Matt Followill redouble de dextérité tandis que la voix grave de Caleb évoque le décès d’un de ses meilleurs amis. Si la ballade “Conversation Piece”, sympathique mais ultra répétitive, ne figurera pas au panthéon des chansons les plus mémorables, le morceau éponyme de clôture y trouvera sa place. En acoustique et épurée, “Walls” est presque uniquement portée par les lamentations uniques de Caleb. Toujours aussi maîtrisée, sa voix écorchée et captivante demeure l’arme infaillible du groupe.

Avec “WALLS”, le clan de Nashville signe un album efficace qui aurait mérité plus de témérité, mais qui révèle cependant quelques pépites. Le disque ne réconciliera probablement pas Kings Of Leon et ses fans de la première heure, qui s’étaient intéressés au combo en entendant parler d’un “Strokes du Sud”. La période garage semble être bel et bien révolue et c’est désormais le trône du pop rock que Kings Of Leon vient conquérir.