Korn range ses formules toutes faîtes au placard avec Requiem. Un quatorzième album studio empreint d’une note d’espoir, qui marque un renouvellement sonore pour les Californiens. Le groupe a annoncé avoir eu un luxe nouveau pour enregistrer ce disque : du temps. Virage réussi ou nouveauté un peu fade ?
Un album aérien
L’ensemble démarre avec “Forgotten” et son riff bien lourd. Si l’univers de Korn se retrouve à travers quelques sonorités identifiables, un tournant se fait déjà sentir. Ce qui frappe le plus est la manière dont Jonathan Davis chante sur ce titre. Il en émane une forme de douceur et une mélodie toutes en retenue dans le refrain. La superposition des voix permet de souligner les différentes intentions du morceau.
“Let The Dark Do The Rest” saisit instantanément l’oreille grâce à son intro aux accents psychédéliques. Le refrain pousse plus loin le jeu de la mélodie. Les passages hurlés, mêmes très atténués par la production, contrastent le côté pop du refrain et évitent le piège du trop mielleux. Les passages éthérés, parfois lumineux, apportent une forme de fraîcheur inattendue dans cet univers kornien. La formation dessine ici les contours d’une nouvelle manière d’appréhender leurs luttes internes. Entre noirceur et volonté de rejoindre la lumière, Korn brille de créativité.
Une nouvelle vulnérabilité
“Start The Healing” apparaît légèrement naïf à la première écoute. Le morceau témoigne pourtant d’une volonté de laisser transparaitre un côté plus vulnérable dans les paroles comme dans la voix. Le tempo ralentit avec “Lost In The Grandeur” ou “Disconnect” et la rage brute des débuts fait place à une souffrance digérée. La palette des émotions de Korn semble s’être étendue pour mieux refléter la complexité humaine des membres du groupe. Si chaque membre continue de faire face à ses démons, à l’image de son mythique bassiste Fieldy, une nouvelle envie de les surmonter émerge dans Requiem.
L’attention apportée au délicat équilibre entre hargne et douceur témoigne d’un désir de changer la donne. Ainsi, la noirceur désespérée de Korn s’illumine parfois, le temps d’explorer de nouvelles dynamiques. Un bel exemple se retrouve dans “Penance To Sorrow”, où Jonathan Davis dépeint son état d’esprit actuel avec une poignante sincérité. L’instrumentation très travaillée, ancre une ambiance où se mélange une confusion de sentiments. Le chant hurlé de Davis vient conclure une progression attendue et jouissive.
Un mélange des styles toujours plus éclectique
“Hopeless And Beaten” plonge l’auditeur dans une atmosphère doomesque. Le rythme décélère sur des passages lourds et graves avec une voix aux relents de death metal. Jonathan Davis bouscule cette dureté avec des lignes de chant plaintives et sensuelles. Le résultat est surprenant sans pour autant être complètement convaincant. Dans un autre registre, “Disconnect” incorpore des riffs qui ne dénoteraient pas dans des morceaux de post rock. Un effet stratosphérique des plus plaisants.
“My Confession” détonne avec son riff à la Muse, un refrain aux inspirations hardcore et une mélodie accrocheuse. Un mix qui rappelle que ce groupe est à l’origine du mouvement neo metal. Il garde cette appétence pour fusionner les genres sans se poser de limite. Si Korn expérimente, le groupe n’en oublie pas pour autant ses origines. Le clin d’œil du chant de “Freak On The Leash” sur le dernier morceau de l’album “Worst Is On Its Way” devrait réjouir les fans. Les quelques notes de basses de fin de titre donnent envie d’en avoir plus, car l’instrument se fait trop rare sur ce disque.
Avec Requiem Korn délivre un album plus aérien, plus mélodique, qui marque certainement un nouveau tournant pour le son du groupe.
Informations
Label : Loma Vista Recordings
Date de sortie : 04/02/2022
Site web : kornofficial.com
Notre sélection
- Let The Dark Do The Rest
- Penance To Sorrow
- Worst Is On Its Way
Note RUL
4/5