KYO – Le Chemin – 20 Ans

Le temps passe et les anniversaires s’enchaînent. Difficile à croire, mais c’est désormais l’heure pour KYO de fêter les vingt ans de son album culte, Le Chemin. Pour cela, le groupe ne fait pas les choses à moitié et propose une réédition avec remasterisation, inédits et mises à jour modernes de certains morceaux.

Le Chemin est certainement l’un des albums qui ont le plus marqué les années 2000. Il a marqué toute une génération également. L’époque des lecteurs MP3, qu’il fallait remplir soi-même de sons en tous genres, et celle, même si c’est encore un peu le cas aujourd’hui, des chaînes TV spécialisées dans les clips. Le Chemin est donc une sorte de capsule temporelle qui transporte l’auditeur en l’an 2003 et aux alentours.

Difficile à croire, mais cela fait donc déjà vingt ans que ce disque culte est sorti. L’occasion est donc parfaite pour fêter cet anniversaire comme il se doit avec une édition remasterisée et surtout accompagnée de quelques bonus qui s’inscrivent comme marqueurs à la fois de cette époque mais aussi de l’actuelle.

Madeleine de Proust

Cette réédition anniversaire s’ouvre sans surprise avec la version remasterisée de l’album original. Les sons familiers de l’intro du titre éponyme, qui ouvre l’ensemble, se font tout de suite reconnaître. À tel point que les détails du remastering sont au final assez peu discernables. Le tout gagne en dynamisme et en clarté, mais contrairement à d’autres disques complètement remixés, on se demande si ce dépoussiérage était vraiment nécessaire ou bien si c’était surtout une façon de justifier cette réédition.

Quoi qu’il en soit, lorsque les premières secondes de “Le Chemin”, de “Dernière Danse” ou de “Je Saigne Encore” interviennent, on est tout de suite transportés vingt ans en arrière. À quelques détails près, comme des sons qui deviennent plus audibles, c’est comme si rien n’avait changé pendant toutes ces années. Le chant de Benoît Poher et les arrangements suscitent toujours les mêmes émotions. C’est aussi l’occasion, pour ceux qui ne connaîtraient que les singles phares de l’album, d’aller plus loin et (re)découvrir les morceaux moins connus mais qui ont tout autant à offrir.

Revisiter Le Chemin

Parlons maintenant de ce qui intriguerait certainement davantage les auditeurs. Le groupe n’a pas fait les choses à moitié et, en plus de proposer un remaster et quelques bonus, KYO a décidé d’inclure des “re-créations” de certains de ses morceaux. Pour cela, ils ont collaboré avec les producteurs Marsō (Pierre de Maere, Slimane) et Prinzly (Damso, Hamza, Disiz) afin de donner une touche, semble-t-il, plus moderne à ces chansons.

Cela s’entend dans la production, moins rock, plus dansante. À la voix de Benoît Poher aussi, qui a réenregistré ses parties chantées. C’est l’occasion de voir comment son timbre et sa technique ont évolué. Comme une preuve de maturité.

On retrouve bien sûr l’ADN des morceaux, avec ce petit quelque chose en plus qui les fait passer de 2003 à 2023. Et en parlant de petit plus, il faut évidemment mentionner la principale nouveauté de ces morceaux. Cœur De Pirate, Stéphane, Nuit Incolore, Cloud et Suzane. Ces cinq artistes ont été invités sur ces morceaux et y ont ajouté leur touche.

Ces réinventions risquent de polariser un peu le public, mais le pari est globalement réussi. Même s’il n’y a vraiment que deux morceaux qui se distinguent particulièrement. La version de “Je Saigne Encore”, avec Cloud et son couplet entièrement en anglais, réinvente d’une très jolie façon l’originale. Les nappes de synthés plus aériennes tranchent avec les arrangements électriques d’il y a vingt ans. “Tout Envoyer En L’Air”, avec Suzane, avec son rythme frénétique, traduit quant à elle avec brio l’énergie de base de la chanson dans une version plus dansante. Une bonne surprise.

Ouvrir le coffre à trésors

Comme si cela ne suffisait pas, KYO nous offre également cinq maquettes de morceaux jamais publiés officiellement jusqu’à présent, en dehors d’extraits live de l’époque. C’est le cas de “Le Pire”, magnifique ballade au piano chantée par le guitariste Florian Dubos. On se demande même ce qui a motivé son absence du disque en 2003.

Les autres maquettes ne sont pas aussi mémorables que ce titre, mais elles donnent un autre aperçu de ce qui aurait pu figurer sur Le Chemin à l’époque. On trouve aussi quelques similarités dans les morceaux, comme la mélodie vocale du refrain de “Laissez-Moi Ce Rêve” qui semble assez proche de celle de “Je Saigne Encore” à certains moments. On comprend cela dit aisément que ce soit cette dernière qui ait été choisie au profit de l’autre (en admettant qu’il y ait eu concurrence entre les deux), tout comme pour les autres sons inédits ressortis du coffre-fort.

Un mot sur les démos

Les plus nostalgiques seront heureux d’apprendre que non seulement KYO a procédé à un dépoussiérage de son album, mais a aussi sorti de ses tiroirs quelques trésors de l’époque, jamais vus auparavant. C’est le cas des démos de “Comment Te Dire”, “Je Te Vends Mon Âme” et bien sûr “Le Chemin”. Des démos assez proches des versions finales dans leurs structures mais aux arrangements nettement moins travaillés.

Le titre phare “Le Chemin” a quant à lui droit à deux versions. Là encore, la structure du morceau était déjà présente. La principale différence entre celles-ci et la version finale est la douceur qui s’en dégage, en opposition à la fougue électrique de la version que l’on connaît bien, surtout pour la première, datant de 2001. Cela risque d’en étonner plus d’un. Sur la seconde démo, c’est Aurélie Saada (moitié du duo Brigitte) qui se charge des parties chantées ultérieurement par Sita. Et étonnamment, son interprétation est pertinente, voire un peu plus intéressante que la version finale.

Le Chemin – 20 Ans est une réédition faite dans les règles de l’art. Le remastering n’était pas spécialement nécessaire mais est finalement bienvenu. Les bonus ont une qualité variable mais sont tous très intéressants dans ce qu’ils proposent et ne se contentent pas d’être quelques démos prises ici et là. Cela nous offre une vision supplémentaire de ce qu’était KYO il y a vingt ans et aussi vers quoi le quatuor pourrait s’orienter à l’avenir. Le passé et (peut-être) le futur réunis.