Lacuna Coil est de retour en 2025 avec Sleepless Empire, un album qui arrive six ans après Black Anima (2019). Après plus de vingt-cinq ans de carrière, Cristina Scabbia et sa bande ont-ils encore quelque chose de neuf à proposer, ou s’agit-il simplement d’un album de plus dans leur discographie ?
Un concept en phase avec son époque
Dès les premières interviews promotionnelles, Lacuna Coil a mis en avant la thématique centrale de Sleepless Empire : une exploration de la perte d’identité dans un monde surconnecté. “Nous vivons dans une époque où tout est instantané, où l’on se perd dans les flux incessants d’informations et d’images, et où l’essence même de l’être humain est mise à l’épreuve“, a expliqué Cristina Scabbia. Cette réflexion prend vie dès le morceau d’ouverture, “The Siege”, qui installe une atmosphère pesante avec ses riffs lourds et ses nappes électroniques distordues. La dualité vocale entre Cristina et Andrea Ferro reflète ce combat intérieur, bien que l’ensemble reste assez prévisible dans sa construction.
Musicalement, Sleepless Empire reprend les éléments qui ont fait la renommée du groupe : une alternance entre refrains aériens et couplets plus agressifs, un travail minutieux sur les ambiances et une production massive. ” Scarecrow” rappelle l’étendue vocale de Cristina, notamment dans les aigus. La formation tente également d’introduire quelques nouveautés. Sur “Gravity”, se note une influence industrielle rappelant Fear Factory, tandis que “Hosting The Shadow” bénéficie de la présence de Randy Blythe (Lamb Of God), injectant une dose de brutalité bienvenue. Tout au long de l’album, il y a une volonté d’explorer des sonorités plus lourdes, plus sombres.
Une formule bien rodée, mais sans réelle surprise
Loin d’être un simple exercice stylistique, Sleepless Empire cherche à véhiculer des propos forts. Dans “In The Mean Time”, Cristina Scabbia s’unit à Ash Costello (New Years Day) pour une performance assez impressionnante sur le thème de l’isolation. La progression du morceau marque une recherche constante d’intensité sans laisser assez de temps de respiration. Les effets sur les voix les rendent un peu distantes et ratent l’opportunité de mettre en valeur les atouts de ces deux artistes féminines. Il en ressort un goût d’exercice un peu raté.
Le titre “Oxygen” semble vouloir creuser la thématique de perte d’identité et d’oppression psychologique. Le morceau évoque une sensation d’étouffement, comme si l’individu cherchait désespérément un souffle d’air dans un environnement toxique. Andrea Ferro apporte le ton détaché et désabusé, tandis que Cristina offre une palette d’émotion plus large. Musicalement c’est plutôt réussi, notamment dans les passages les plus agressifs. Mais l’ensemble manque d’un véritable impact émotionnel. Et c’est le principal problème de cet album, c’est un peu trop bien fait, un peu trop lisse pour réellement convaincre.
Sleepless Empire est un album bien produit et qui s’inscrit logiquement dans la continuité du groupe. Lacuna Coil ne prend pas de risques majeurs et se repose sur une recette qui, si elle fonctionne encore, commence à montrer ses limites.
Informations
Label : Century Media Records
Date de sortie : 14/02/2025
Site web : lacunacoil.com
Notre sélection
- Scarecrow
- Hosting The Shadow (feat. Randy Blythe)
- Oxygen
Note RUL
3,5/5