Deux ans après le succès mondial de “A Star Is Born”, Lady Gaga est de retour. Non seulement avec son nouvel album, mais surtout avec un nouveau projet artistique : “Chromatica”.
Onze ans après le phénomène “The Fame Monster” (2009) qui l’a révélée au grand public et consacrée en tant qu’icône pop, l’interprète de “Shallow” est-elle parvenue à produire un nouveau chef d’oeuvre avec ce sixième disque ?
Le bal est ouvert
Se préparer à écouter un nouvel album de Lady Gaga, c’est comme monter dans un grand huit : on ne sait pas trop si on va aimer, rire, pleurer, hurler ou même vomir. La surprise est totale jusqu’à l’ascension du premier sommet. Puis tout va très vite.
Le clip de “Stupid Love” annonçait la couleur dès le 28 février. Tenues monochromatiques en écho à l’univers de “Chromatica”, costumes kitsch hyper accessoirisés, chorégraphies pop et énergie collective : la superstar semble bien décidée à rassembler ses Little Monsters et à célébrer le renouveau de sa créativité artistique.
Cette même énergie libératrice est palpable sur le hit en devenir “Rain On Me”, interprété en duo avec Ariana Grande et révélé une semaine avant la sortie de l’album, jouant avec les nerfs des fans impatients. Le pari des deux popstars américaines est réussi et célèbre la performance artistique d’un hymne aux ondes festives universelles.
Un succès en demi-teinte
Autant l’annoncer sans plus attendre : ce ne sera pas “The Fame Monster” Vol. 2. Ou du moins pas avec cet album. “Chromatica” est indéniablement une machine à tubes dance pop, sans grande surprise et de manière presque décevante.
La production de certains titres est parfois tellement uniforme qu’il est difficile de les individualiser. “Fun Tonight” manque d’épaisseur malgré sa mélodie entêtante, l’électro robotique est étouffante sur “911”, le beat de “Plastic Doll” est presque assommant, tandis que “Sour Candy” est si commercial qu’il en est risible.
La production de “Sine From Above” en duo avec Elton John, pourtant prometteur quant à ses paroles au sujet des travers de la célébrité, est clairement ratée. Les ondes dance dont elle nous écrase rappelleront même à certains leurs plus sombres souvenirs de boîte de nuit du début des années 2000.
La patte Gaga
Rassurez-vous, le talent audacieux made in Gaga est malgré tout présent de manière parcellaire sur “Chromatica”. Et il donnera naissance à quelques pépites parmi ces treize nouveaux titres. A travers l’ensemble de ce projet et en cohérence avec le statut d’icône LGBTQIA+ de l’artiste, cet ensemble célèbre le renouveau d’ondes pop voguing des années 80. L’heure est à l’inclusion, la solidarité et la joie de se retrouver pour célébrer l’amour.
“Enigma” offre par exemple un très bel écrin voguing presque épuré à la voix toujours extrêmement maîtrisée de la chanteuse. L’électro disco de “Replay” et les démons intérieurs qu’il dépeint parviennent à transformer le titre en tornade dansante. Quant à “Free Woman”, il ne brille pas par l’originalité de sa production mais a le mérite de faire résonner l’amour de soi dans les esprits.
“Babylon” clôture de manière grandiloquente cet album qui ne mettra pas tout le monde d’accord. Le podium se dessine dans nos oreilles, l’air de “Vogue” par Madonna n’est pas très loin et la voix de Lady Gaga y résonne de manière divine, propageant l’amour de soi et condamnant le qu’en-dira-t-on.
Malgré le vraisemblable travail de cohérence artistique qui s’en dégage, cette superproduction manque malheureusement de brio. “Chromatica” sera un succès commercial mais en décevra certainement plus d’un.
Informations
Label : Universal Music / Polydor
Date de sortie : 29/05/2020
Site web : www.ladygaga.com
Notre sélection
- Babylon
- Replay
- Rain On Me
Note RUL
3/5