Chanteuse diva toujours, femme fatale parfois et poètesse à ses heures perdues, Lana Del Rey n’en finit plus d’étonner. A peine le temps de digérer l’amère déception de son dernier album que l’Américaine revient avec l’énigmatique Blue Banisters. Prêt(s) à tourner la page ?
A cœur ouvert dans L.A.
C’était il y a sept mois à peine. Les traînées blanches laissées par Chemtrails Over The Country Club ne se sont pas tout à fait dissipées dans le ciel que Lana Del Rey revient dans la confidence. La première phrase de ce Blue Banisters est des plus annonciateurs : “I guess you could call it textbook“. Accompagnée d’une folk délicieuse teintée d’un rythme jazzy, Lana Del Rey ouvre son journal intime et chante, plus libre et authentique que jamais. Du quartier chic de Brentwood à Santa Clarita et “Arcadia”, la sulfureuse nous emmène dans chaque recoin de Los Angeles. L’objectif ? Nous conter ses souvenirs d’enfance et ses histoires d’amour qui finissent mal. Rien de bien neuf sous le soleil de Californie.
Bleu ou marron ?
C’est dans son plus simple apparat, souvent en duo piano/voix (“Wildflower Wildfire”) que Lana a choisi d’entonner ce voyage intime à travers le passé. Si la musique est une nouvelle fois simple, dépouillée voire minimaliste, c’est du côté des textes et des thématiques que la richesse réside. Autrefois bleues lorsqu’elle était amoureuse, la chanteuse invite ses sœurs à repeindre ses rampes en vert et gris, symbole de changement et de solidarité féminine. Et malgré quelques ratés (“Violet For Roses”, “Cherry Blossom”), la magie opère tant le spectre vocal de Lana a gagné en intensité. On passe des aigus touchants et maîtrisés sur l’émouvante “Beautiful” à une voix froide et rauque sur “Nectar Of The Gods”. Il aura fallu attendre huit albums pour que la diva daigne utiliser l’étendue de son spectre vocal. Mais cela y est, nous y sommes.
Retour aux sources
Tout en conservant le côté épuré de Chemstrails Over The Country Club, ce nouveau disque marque un léger retour aux sources. Dans le son d’abord, puisque “Black Bathing Suit” et sa reverb sur le refrain nous replonge avec plaisir dans l’atmosphère rétro et envoûtante de Born To Die (2012). Mais la vraie réussite de cet album, c’est ce duo improbable sur “Dealer” avec au chant Miles Kane de The Last Shadow Puppets. Teinté d’un glam très 80’s qui ne renierait pas une ballade de Mötley Crüe, ce titre est tout simplement le plus contrasté de Lana Del Rey ! Des spoken words murmurés aux cris angoissés, la diva démontre que derrière le strass et les paillettes, elle a l’étoffe d’une vraie chanteuse.
Ceci n’est pas une conclusion
Tenter de caractériser ou de résumer ce disque reviendrait à mentir. Complexe dans ses messages et simple dans sa musique, Blue Banisters est un album spécial, qui s’apprivoise lentement mais sûrement. Et même au niveau de ses défauts les plus incontestables, à savoir un manque viscéral de variété et des instrumentales un peu pauvres, il est possible de les tourner en qualité. Car Blue Banisters en ressort comme un ensemble incroyablement homogène, équilibré et raffiné. C’est une pièce unique d’émotion bâtie dans les tréfonds de l’âme et de l’esprit de Lana Del Rey.
Informations
Label : Universal Music / Polydor
Date de sortie : 22/10/2021
Site web : www.lanadelrey.com
Notre sélection
- Black Bathing Suit
- Beautiful
- Dealer
Note RUL
3,5/5