Insaisissable et imprévisible sont certainement les deux adjectifs qui résument le mieux Lana Del Rey. Après avoir sorti son premier recueil de poésie “Violet Bent Backwards Over The Grass” en septembre 2020, la New Yorkaise revient déjà avec son septième album, l’énigmatique “Chemtrails Over The Country Club”, porté par le single du même nom.
Une transformation de plus
On l’avait quitté en version Godzilla en robe blanche dans le clip de “Doin’ Time”, Lana Del Rey poursuit sa métamorphose dans le clip de “Chemtrails Over The Country Club” où la belle devient louve garou. Un choix esthétique surprenant mais finalement en phase avec la transformation musicale opérée sur ce nouvel album. Ainsi, au clair de lune, Lana Del Rey n’est plus la diva, belle et superficielle que l’on connaît, mais retrouve son authenticité, même si elle est vouée à rester secrète.
Il en va de même avec la musique de ce septième disque, ultra dépouillée, d’instruments comme d’effets. Preuve en est, la voix prend majoritairement le monopole de l’ambiance, pour le meilleur (“Let Me Love You Like A Woman”) comme pour le pire (“Wanderlust”). Aussi authentique qu’elle peut l’être – et gageons qu’elle le soit – la chanteuse entame un monologue avec elle-même dont la résonance avec l’auditeur trouve vite ses limites. Car dépouiller, c’est parfois appauvrir.
Une vision de l’Amérique de plus
La différence attise inévitablement les comparaisons et cet album s’y prête plutôt bien. La prouesse sans cesse renouvelée de Del Rey, c’est de cristalliser à chaque sortie une nouvelle facette de l’Amérique. Certains parleront de fièvre patriotique, d’autres, à l’inverse, de dédain envers les frasques du nouveau continent. Et c’est peut-être là que l’Américaine vise juste : ses représentations sont toujours ambigües et pourtant si proches de la réalité.
Si sur “Norman Fucking Rockwell” (2019), la chanteuse rendait hommage au peintre figuratif américain, l’intention placée derrière ce “Chemtrail Over The Country Club”, musicale comme conceptuelle, reste finalement assez floue. Qu’à voulu dire Lana Del Rey avec cet album ? Le mystère reste entier, à la manière de ce terme énigmatique “chemtrails” désignant ces traînées blanches laissées par les avions dans le ciel et qui attisent toutes sortes de théories conspirationnistes. Les chemtrails seraient-ils un symbole de liberté retrouvée sur ce disque ou alors un clin d’œil esthétique à cette reconversion musicale épurée jusqu’à l’extrême ?
Juste un album de plus ? Oui
Où sont les strass et paillettes qui nous faisaient rêver ? Où sont passés les arrangements sombres et psychédéliques de “Ultraviolence” (2014), la vulnérabilité de “Honeymoon” (2015), le côté machine à tubes de “Lust For Life” (2017) ? Sur ce nouvel album, plus rien de tout cela. A part quelques envolées de pianos et de timides arpèges de guitares (“Dance Till We Die”), tout le monde a quitté le navire pour laisser Lana Del Rey, seule à bord. Et ce qui en ressort, c’est le vide et l’ennui malgré une performance vocale plutôt à la hauteur (les superbes aigus de “White Dress”). Si l’on retrouve parfois le sentiment de torpeur et la fièvre qui habitaient “Honeymoon”, ici aucun morceau ne fait mouche et la magie s’étiole de titre en titre.
La frustration est d’autant plus grande que les trois derniers disques de la diva dépassaient tous l’heure de musique, là où “Chemtrails Over The Country Club” atteint tout juste les quarante-cinq minutes. Passé un premier tiers passablement intéressant, il faut attendre le duo “Breaking Up Slowly” avec la chanteuse de country Nikki Lane pour sortir la tête de l’ennui, avant d’y replonger jusqu’à sa fin.
Un vent de changement
“C’est le premier album où je savais comment je voulais qu’il soit, mais je ne savais pas si j’y étais arrivée”, a déclaré Lana Del Rey au sujet de ce septième album. Lana Del Rey a voulu amorcer un changement, ignorant combien ces six précédents disques étaient justement tous singuliers. Si c’est aussi le cas de celui-ci, ce n’est que parce que sa moindre qualité l’isole de ses prédécesseurs. Le prix du changement est aussi parfois celui de l’égarement.
Informations
Label : Universal Music / Polydor
Date de sortie : 19/03/2021
Site web : www.lanadelrey.com
Notre sélection
- White Dress
- Chemtrails Over The Country Club
- Let Me Love You Like A Woman
Note RUL
2/5
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1 Commentaire
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Quel ennui cet album…