On la connait pour ses chansons pleines de mélancolie, pour sa voix unique et particulière et pour ses clips à la symbolique réfléchie et travaillée. Deux ans après son dernier album “Lust For Life“, Lana Del Rey marque son grand retour avec un sixième disque. Et pas n’importe lequel : “Norman Fucking Rockwell!”. Un titre plein d’audace, en hommage au peintre qui a représenté l’Amérique durant de nombreuses années, n’hésitant pas à en dresser un portrait criant de vérité et de réalisme, à l’époque où l’American Dream se réalisait encore.
Le portrait d’une Amérique en déclin
C’est un peu ce que la musicienne fait dans ce nouvel album : elle peint le portrait d’un pays autrefois grand et glorieux, qui décline petit à petit. Le rêve américain n’est plus.
Engagée, autant dans la vie que dans son art, elle n’a d’ailleurs pas hésité à dénoncer les tueries de masse qui sont tristement fréquentes aux États-Unis, avec “Looking For America”. Ce n’est donc pas surprenant qu’elle utilise sa musique pour parler de ce pays si cher à son cœur, mais si décevant en même temps.
“California” fait d’ailleurs référence à ces tragédies beaucoup trop nombreuses, notamment à travers ces mots : “You don’t ever have to be stronger than you really are”. S’autoriser à être vulnérable et à laisser entrevoir nos faiblesses : un conseil pouvant s’appliquer aussi bien à l’auditeur, qu’au pays de l’artiste.
Un album subtile et plein de nostalgie
Si vous vous attendez à un disque sur-produit, celui de Lana Del Rey risque de ne pas vous plaire. Bien qu’ayant collaboré avec Jack Antonoff, qui a notamment travaillé avec Pink, Taylor Swift ou Charli XCX, l’ensemble est criant de simplicité et de nostalgie. Accompagnée au piano sur la plupart des morceaux, l’accent est mis sur la voix de la jeune femme et sur les paroles finement travaillées qu’elle écrit elle-même.
Les références culturelles, les clins d’oeil aux inspirations de l’Américaine sont nombreuses dans sa musique; mais c’est encore plus le cas dans ce sixième album. Ce n’est pas un disque que l’on écoute distraitement, loin de là. Pour en saisir toutes les subtilités, il faut tendre l’oreille, prendre le temps de se poser et d’en apprécier la complexité.
Ainsi, dans “hope is a dangerous thing for a woman like me to have – but I have it“, un morceau très personnel, Lana fait référence à la poétesse Sylvia Plath, à travers le sujet de sa dépression et du combat contre ses démons, qui ne sont jamais très loin. Tout comme l’écrivaine, la musicienne lutte quotidiennement contre sa santé mentale.
Une artiste qui ne laisse rien au hasard
Impossible de parler de “Norman Fucking Rockwell!” sans mentionner “Doin’ Time”, une reprise du groupe californien Sublime dont la chanteuse est fan. Un cover qu’elle s’est appropriée pleinement, sans pour autant en changer les paroles, prenant ainsi le point de vue d’un homme. Un détail qui n’en est pas vraiment un : Lana Del Rey ne laisse jamais rien au hasard, et les fans de la première heure le savent.
Véritable référence en ce qui concerne les chansons d’amour, chacun(e) aura envie de tomber amoureux en écoutant “Fuck It I Love You” ou “Love Song” et leurs mélodies traînantes et pourtant terriblement romantiques. Mention spéciale à “Venice Bitch”, qui, en plus de faire près de dix minutes (!), nous plonge totalement dans son univers. S’il y a bien un morceau à écouter sur ce “Norman Fucking Rockwell!” et qui le résume à la perfection, c’est celui-ci.
Dans ce sixième album, Lana Del Rey se livre, sans aucun artifice, et elle le fait merveilleusement bien.
Informations
Label : Universal Music / Polydor
Date de sortie : 30/08/2019
Site web : lanadelrey.com
Notre sélection
- California
- hope is a dangerous thing for a woman like me to have – but I have it
- Doin’ Time
Note RUL
4,5/5