Après avoir conquis les scènes du monde entier, de l’Europe à l’Amérique du Nord en passant par le Japon, LANDMVRKS revient avec The Darkest Place I’ve Ever Been. Un quatrième album qui marque un tournant. Fini les débordements parfois confus, place à une architecture plus rigoureuse, une production léchée et surtout une intensité émotionnelle décuplée.
Fractures intérieures et élans de grandeur
Dès “The Darkest Place I’ve Ever Been”, le ton est donné. Une ouverture feutrée, presque suspendue, où la voix de Florent Salfati semble surgir d’un abîme intérieur. Puis l’explosion, soudaine et sans concession. Le morceau incarne cette nouvelle dualité parfaitement assumée par le groupe. Celle d’un cri venu des tripes, qui se transforme en uppercut sonore. À mesure que les couches se superposent, le titre prend une dimension presque théâtrale. Les paroles sont habitées, comme ce cauchemar peuplé de montres. Une tension que l’on retrouve amplifiée dans “Creature”. Le rap introductif en français installe une atmosphère anxiogène, presque cinématographique.
Le refrain, déchirant de sincérité, révèle un Florent vulnérable, contrastant avec les passages hurlés où transparaît la rage de son alter ego. Ce jeu de voix, signature du frontman, illustre à merveille les tiraillements d’une psyché morcelée. Dans “Blood Red”, le groupe frappe au cœur. Le spoken word non prévu à l’origine, balancé dans un français brut, donne des frissons. Chaque mot, chaque silence, transpire la spontanéité et l’authenticité. Quand le morceau s’emballe et explore des sonorités punk puis metalcore plus denses, il reste toujours guidé par cette volonté d’émotion pure. Même dans la brutalité, LANDMVRKS ne perd jamais le fil de son propos. Et c’est précisément ce qui rend cet album si percutant : une cohérence totale entre la forme et le fond.
Vers un metal plus sensible, plus mélodique, mais tout aussi ravageur
“A Line In The Dust”, en collaboration avec Mat Welsh de While She Sleeps, incarne l’excellence mélodique du disque. Le morceau explose dès les premières mesures, porté par une tension sourde et un refrain imparable. Pas de doute, c’est un banger. Les deux voix s’entrelacent sans jamais se cannibaliser, entre la rage expressive de Salfati et la résignation contenue de Matt. Ce n’est pas un simple featuring, c’est un vrai dialogue, une fusion artistique rare. Mention spéciale au jeu de batterie de Kevin D’Agostino, qui sublime la structure du morceau sans jamais en faire trop. À la croisée d’un metal moderne brutal et d’élans introspectifs bouleversants, les Marseillais signent ici leur œuvre la plus aboutie.
Le reste de l’album confirme cette volonté d’explorer des textures nouvelles, sans renier la puissance. “The Great Unknown” flirte avec l’hommage à blink-182 dans les premières notes de batteries puis à Linkin Park, dans une veine très 2000’s. Dans un tout autre registre, “La Valse Du Temps” surprend par sa tendresse presque enfantine. Une valse, oui, mais une valse distordue par des guitares qui grondent et un chant qui alterne entre murmure et cri. Lorsque les voix s’unissent pour suivre un rythme qui s’intensifie tel un cœur qui battrait de plus en plus fort. Juste magique, la magie opère. Même “Funeral”, en clôture, joue sur les contrastes entre une voix cassée et un piano aérien, comme un dernier souffle après la tempête.
Un virage ambitieux parfaitement négocié
Avec The Darkest Place I’ve Ever Been, LANDMVRKS franchit un cap. Sans rien sacrifier de sa brutalité originelle, le groupe pousse plus loin la réflexion sur les émotions, la structure des morceaux et l’impact des silences. Chaque titre semble ciselé, mûrement réfléchi, mais conserve cette urgence vitale qui faisait déjà la force de la formation. L’ambition est palpable, la maîtrise éclatante. Et surtout, l’ensemble sonne juste. Très juste.
Les Marseillais prouvent ici qu’ils ne sont pas simplement les fers de lance du metal moderne français. Ils en redéfinissent les contours avec une sincérité désarmante et une rage sublimée. The Darkest Place I’ve Ever Been est une déflagration émotionnelle d’une précision chirurgicale. Une immense réussite.
Informations
Label : Arising Empire
Date de sortie : 25/04/2025
Site web : www.landmvrks.com
Notre sélection
- A Line In The Dust (feat. Mat Welsh)
- La Valse Du temps
- Blood Red
Note RUL
4,5/5