Avant sa sortie officielle le 6 octobre, “As You Were” s’est d’abord révélé sur scène. Présent à l’affiche de plusieurs festivals français cet été -dont la première édition du Lollapalooza Paris-, ainsi qu’en concert privé au 118 il y a quelques semaines, Liam Gallagher, ex-frontman d’Oasis et Beady Eye, a su défendre cette nouvelle aventure solo avec passion, détermination et succès, ne rendant le public que plus impatient de découvrir l’aboutissement studio. Aujourd’hui, “As You Were” est là. Et il en impose.
Démarrage en force avec “Wall Of Glass”, premier single à l’approche frontale, ouvrant les portes de l’univers du disque de manière très directe : ici, guitares saturées s’allient à notes d’harmonica pour un titre ouvertement rock n’roll, refrain entêtant en bonus. Le potentiel déjà palpable ne tardera pas à décupler d’envergure en l’espace d’un instant. Alors que la deuxième piste se dessine au fil des coches, l’effet se veut retentissant. La pépite s’intitule “Bold”, et sonne comme ce qui aurait pu être un hymne typique d’Oasis dans sa meilleure période : lumineuse, vibrante, forte de sens et fédératrice. La voix, elle aussi, englobe et magnifie tous ces critères, même si son rendu sur plusieurs morceaux est étonnement lisse, en comparaison au timbre éraillé du chanteur durant ses performances live, charismatique et singulier par ses imperfections.
Alors que l’écoute se poursuit, un élément se distingue indéniablement. “As You Were” est un album mélodique. L’effet de surprise est assez grand si l’on considère le fait que le personnage Gallagher se positionne toujours dans une optique de confrontation, de fougue, presque de désobéissance. Ici, l’atmosphère se trouve plutôt du côté de l’équilibre que de la turbulence. Le résultat n’est pas pour autant décevant; il faut simplement prendre le temps de s’accoutumer au rythme de l’ensemble, qui peut paraître assez lent, mais pas ennuyant pour autant.
Au milieu de ballades comme “Paper Crown” ou “For What It’s Worth”, quelques sons très rock et incisifs se distinguent (“Greedy Soul”, “You Better Run”, “I Get By”) et ne se placent pourtant pas hors-champs. Au contraire, malgré la dualité teintant le disque, l’opus est harmonieux, cohérent, fluide. Au delà de sa justesse, l’effort possède par dessus tout quelque chose d’assez précieux : de l’âme. “As You Were” est authentique, prenant un pas à la fois assuré et étonnement délicat. Pas de tournures inattendues, ni de grandes envolées instrumentales; il faut dire que musicalement, peu de risques ont été pris. Ici, la simplicité est de mise, les bases sont sobres, même banales; la place centrale est indéniablement réservée à Liam Gallagher, au détriment du bloc instrumental pour qui les possibilités d’expérimentation sont assez limitées. Mais l’ensemble fonctionne agréablement bien. Il n’y a pas une seule mauvaise chanson, un seul élément de mauvais goût.
Outre les singles déjà connus et les titres interprétés sur scène, l’essai regorge encore de surprises. La délicate “When I’m In Need”, morceau intimiste aux airs tendres, sera portée par un combo guitare acoustique-voix, progressivement agrémenté de chœurs, percussions et violons tout en retenue, avant de se conclure par une envolée intense et enchanteresse. A contrario, “Come Back To Me” se montre plus électrique et vive dès les premières vibrations de cordes, résultant même en un court solo de guitare. “I’ve All I Need”, de son côté, vient clôturer le disque par sa douceur et sa sérénité. “It’s not goodbye”, laisse sous-entendre le Mancunien.
Avec “As You Were”, l’approche est à la fois frontale et introspective. Sans jamais se défaire d’Oasis ni de ses influences musicales largement revendiquées (The Beatles, The Kinks, The Stones Roses), Liam Gallagher a su injecter de sa propre personne dans cet album. Si les morceaux reposent sur des structures classiques, ils n’en ressortent que plus aérés, harmonieux, et surtout efficaces à chaque nouvelle écoute. Pari réussi.
Informations
Label : Warner Music
Date de sortie : 06/10/2017
Site web : liamgallagher.com/index.php
Notre sélection
- Bold
- Wall Of Glass
- Greedy Soul
Note RUL
4/5