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L’Impératrice – Pulsar

Son Altesse du funk et du disco est de retour. Trois ans après Tako Tsubo (2021), le groupe français L’Impératrice revient avec un voyage futuriste nommé Pulsar, avec la danse comme destination.

Dance-fiction

Dès les premières notes de “Cosmogonie”, on a l’impression de se faire embarquer pour un space opéra dansant. Les synthés sont si planants que l’on pourrait toucher les étoiles. Puis la section rythmique vient rapidement nous faire redescendre sur Terre pour mieux danser. Comme beaucoup d’autres titres, la basse est complètement infusée d’une sonorité house dans la façon dont elle est un peu feutrée. Sur “Amour Ex Machina”, elle l’est encore plus, comme si l’on l’entendait depuis l’autre côté d’une salle de concert, en attendant de pénétrer dans l’arène.

La production et les arrangements font mouche à chaque fois, même si cela n’est pas vraiment une surprise. Le tout est au service d’un songwriting efficace. Si simple mais si efficace, même, comme le refrain entêtant de “Danza Marilù (feat. Fabiana Martone)”, la guitare absolument groovy de “Me Da Igual” (là aussi associée à un refrain difficile à se sortir de la tête) ou encore le funk lascif de “Girl!”. Néanmoins, ce sont surtout les singles qui marquent le plus l’écoute.

Temps suspends ton vol

Pulsar n’est pour autant pas uniquement un album dansant. Le sextette sait aussi lever le pied de temps en temps pour livrer des morceaux plus introspectifs. C’était déjà le cas sur les deux disques précédents et ça l’est toujours sur celui-ci. Parmi ces ballades, il y a “Love From The Other Side”, une ode magnifique aux forts accents mélancoliques. Les harmonies vocales sur le refrain sont un vrai régal.

Et puis il y a surtout “Any Way (feat. Maggie Rogers)”. Le morceau est ici presque plus qu’un featuring. C’est en effet la première fois depuis “Dreaming Of You” sur Matahari (2018) que Flore Benguigui laisse place à une autre voix pour porter un morceau. Cela donne l’impression déconcertante de ne pas écouter L’Impératrice, d’autant que le groupe s’éloigne un peu de son registre habituel avec une chanson peut-être plus pop encore que ce qu’ils ont pu produire auparavant. Un écart qui paie tant le titre est superbe, la voix de Maggie Rogers ajoutant une dose de nouveauté inattendue.

Émancipation

Que les morceaux, ou certains morceaux de paroles, soient chantés en français, en italien, en anglais ou en espagnol, il y a souvent une notion commune à chaque titre. Il est beaucoup question d’amour. Amour improbable (“Amour Ex Machina”), amours manquées (“Déjà-vue”), jusqu’à l’amour qui reste de ceux qui ne sont plus là (“Love from the Other Side”).

Il y a aussi l’amour-propre. Comme “Peur Des Filles” sur Tako Tsubo, cela passe par des messages plutôt féministes et d’émancipation. Avoir un corps parfait ? “Me Da Igual” ! De la même façon, Benguigui invite Marilù, le personnage de Gainsbourg dans “L’Homme A La Tête De Chou” devenu grand-mère, à danser sans tenir compte du regard des autres.

L’Impératrice persiste et signe avec un troisième album sans faux-pas. Peut-être le seul que l’on puisse lui trouver est que la seconde moitié manque un peu d’impact comparée à la première. La faute à des singles trop efficaces ? Mais les titres sont toujours aussi efficaces, voire plus, que des “Matahari”, “Fou”, “Ma Starlight” ou “Agitations Tropicales”. En somme, les Parisiens ajoutent encore quelques armes de consécration festive à leur arsenal déjà bien fourni, qui saura être d’une efficacité redoutable en concerts.

Informations

Label : Microqlima
Date de sortie : 07/06/2024
Site web : l-imperatrice.cool

Notre sélection

  • Any Way (feat. Maggie Rogers)
  • Cosmogonie
  • Love from the Other Side

Note RUL

 4/5

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Corentin Vilsalmon
J'aime la musique, j'aime écrire, pourquoi ne pas allier les deux ?