Lindemann – Skills In Pills

Quand Rammstein et Pain se rencontrent pour le meilleur et le plus fou. C’est peut-être ainsi qu’on pourrait résumer ce nouveau projet qui nous est vendu, marketing oblige, comme le projet solo du chanteur allemand Till Lindemann (Rammstein). Car, au-delà du nom, il s’agit bel et bien d’une collaboration entre ce dernier et le suédois Peter Tägtgren (Pain, Hypocrisy). Après plusieurs mois d’attente et de teasing, le bébé des deux artistes est enfin là.

A la première écoute, et bien que l’ensemble s’avère plaisant, on ne peut tout de même pas s’empêcher de penser “c’est tout ?” et d’être un tantinet déçu, tant la promotion autour de cet album avait fait monter la pression et promettait quelque chose de grandiose. Mais c’était sans compter sur le talent et la folie des deux compères. Et une fois les premières écoutes passées, ce sentiment de relative déception laisse vite place à une irrépressible envie de relancer la machine et d’appuyer de nouveau sur le bouton “play”. Car, quoiqu’on en pense au premier abord, le mariage des deux univers fonctionne à merveille, et la grandiloquence de la musique et des orchestrations de Peter Tägtgren accompagne on ne peut mieux le chant et la crudité des paroles de Till Lindemann. Et là où l’allemand se fait un peu plus “poète” avec Rammstein dans sa langue natale, il se fait ici beaucoup plus direct et graveleux. Pas de demi-mesure, le discours se veut direct, et l’anglais rend le tout plus accessible. Quand l’auteur ne nous fait pas part de son attrait pour la graisse et les formes généreuses (“Fat”), il nous dévoile son penchant pour les douches d’urine (“Golden Shower”) ou les transsexuels (“Ladyboy”), et finit par une éloge à la “haine” des enfants et à l’avortement (“Praise Abort”) dont le clip se passe de commentaires et illustre on ne peut mieux l’univers et la folie de ce disque. Le tout étant à prendre, bien évidemment, au second degré (à moins que…). Et si l’anglais est une exclusivité, et quasiment une première pour le colosse teuton, qui peut surprendre lors des premières écoutes, ce dernier s’en sort très bien, tant au niveau des paroles que du rythme. Mais limiter cet album aux paroles et au chanteur serait réducteur. En effet, le producteur et musicien suédois étale ici tout ce qu’il sait faire de mieux dans ce registre, et semble même se lâcher plus qu’avec Pain. Gros riffs et claviers industriels, orchestrations symphoniques, l’ensemble se veut volontairement riche et grandiloquent, donnant au tout un rendu presque visuel.

Voilà donc ici un album à ne pas prendre au sérieux, et à appréhender pour ce qu’il est : deux potes qui se sont lâchés et éclatés dans un gros délire. Mais attention, la qualité musicale n’est pas pour autant à remettre en question, loin de là. Et nul doute que ce “Skills In Pills”, excellent dans son genre, tournera un bon moment, ce dernier se révélant hautement addictif !