Quand on parle de Linkin Park, que cela soit aux plus expérimentés d’entre nous ou à n’importe quelle personne dans la rue, il est presque aujourd’hui évident que tout le monde peut dire quelque chose de ce groupe, qui traverse les générations avec toujours un style particulier. Un statut et une image médiatique propulsant la formation dans la lutte sans merci du plus “connu” ou “grand” groupe de rock du monde. Alors que Chester Bennington et sa bande ont tenté l’expérimentation avec “A Thousand Suns” en 2010, puis une avancée davantage électronique avec “Living Things“(2012), tous deux n’ayant pas fait l’unanimité malgré un potentiel plus que viable, les américains reviennent cette année avec une véritable surprise musicale, “The Hunting Party”, une nouvelle fois via Warner, qui risque cette fois-ci encore d’attirer les projecteurs sur eux.
Il est sûr qu’avec les deux derniers essais, moult déçus ont manifesté leur mécontentement suite à un son beaucoup plus épuré et parfois plus lisse, bien loin des grosses distorsions crades et contrôlées de l’époque “Hybrid Theory” (2000) ou “Meteora” (2003). Il est vrai aussi que malgré la brutalité présente à cette époque, leur renommée ne faisait qu’augmenter, au plus grand plaisir des fans. Et cette année, “The Hunting Party” vient raviver cette flamme qui a tant manqué. “Keys To The Kingdom” ouvre la parade avec une intro au chant modifié par des effets électroniques, une belle transition de l’époque expérimentale, laissant transparaitre une solide composition au son puissant, significatif de la tenue du reste du CD. Dans ce simple titre repose tous les éléments fondamentaux d’un Linkin Park traditionnel, à savoir un Chester Benington crieur et un Mike Shinoda rappeur, le tout à travers un rythme rapide et assidu. Un plaisir inconditionnel de retrouver la formation sous une facette plus brute et hardcore. De cet ensemble émane alors une épopée de titres expéditifs dans l’idée de “Guilty All The Same” en featuring avec Rakim, “War” et son penchant punk 80’s, “Rebellion” et ses gros breaks, en compagnie de Daron Malakian de System Of A Down, sans oublier l’ultime “Until It’s Gone”, véritable bijou affichant le LP contemporain prenant en compte toutes ses expériences passées. Et en parallèle de ses chansons qui feront décrocher un sourire aux plus agressifs d’entre nous et secouer de nombreuses têtes, s’installent aussi des pistes plus accessibles pour un public moins averti, avec des sonorités plus rock génériques et plus précises. On oublie l’idée de faire du bruit et on se pose afin d’évacuer des morceaux solides et réfléchis dans leur composition. En outre ressortent les mélodies de “Wastelands”, “Final Masquerade” et “All For Nothing”, cette dernière avec la touche de Page Hamilton d’Helmet, aux côtés un peu radiophonique et audible par un plus grand nombre de personnes, sans perdre de leur intensité. Dans tous ces titres s’extériorisent une rogne musicale avec des guitares de Shinoda et Brad Delson sorties du placard pour une utilisation optimale, sans laisser de côté une dextérité dans la batterie de Rob Bourdon qui semble enfin pouvoir entacher une nouvelle fois un disque de façon correcte. En découle un vrai travail d’écriture concis et abouti, comme si les deux derniers disques ont permis au groupe de retrouver le chemin qui leur était destiné. Un chemin qui leur autorise même à sortir deux instrumentales que sont “The Summoning”, rappelant celles de “A Thousand Suns”, et l’ambiante “Drawbar” avec la patte de Tom Morello de Rage Against The Machine. Toutes les collaborations de cet opus apportent une touche neuve et progressive au travail de Linkin Park, d’un point de vue vocal et technique. Un grand pas qui, au final, ne limite pas LP à son propre univers.
Si l’on devait définir aujourd’hui le style défendu par Linkin Park, il serait situé entre un neo-metal électronique et un électro rock contemporain. Ce qui est sûr, c’est que les californiens nous surprendront toujours par leur changement de direction, pour notre plus grand plaisir. Avec un sans-faute si on prend en compte toutes les périodes par laquelle la formation est passée, “The Hunting Party” délivre des chansons parfaitement achevées et conduites, sans pâle copie de leurs efforts précédents. Un bien fou dans le paysage musical.
Informations
Label : Warner
Date de sortie : 16/06/2014
Site web : www.linkinpark.com
Notre sélection
- Until It’s Gone
- Rebellion (feat. Daron Malakian)
- Guilty All The Same (feat. Rakim)
Note RUL
4.5/5