Lord Huron – Strange Trails

Lord Huron a réitéré l’expérience du studio et le 6 avril dernier, a sorti son deuxième album, “Strange Trails”. Toujours ancré dans le genre indie/folk, la formation s’embarque dans une aventure assez végétale. Cette connotation prendra son sens plus tard, en attendant, laissons nous divaguer autour de ce nouvel essai.

Ces Américains référencés à du Jeff Buckley ou Broken Bells, entament l’opus avec “Love Like Ghosts”, relativement similaire à “A Sky Full Of Stars” de Coldplay. Le style épuré est le parti pris majeur de l’ensemble. Non loin d’être soporifique, nous remarquons le fil conducteur en quelques écoutes. Lors de “Until The Night Turns”, “Dead Man’s Head” ou encore “The Yawning Grave”, un souffle sans animosité nous enveloppe. “The Yawning Grave” se balance néanmoins dans les spectres de M83, par ses sonorités sombres et enfouies, la construction instrumentale est un tant soit peu semblable. Le trio jure fidélité au genre de l’étrange piqué de nostalgie, ce qui ne peut nous déplaire. En revanche, on arrive facilement à lâcher prise et à rêver d’autres horizons. Cet effort est à double tranchant en raison de l’ambiance monocorde qui s’y loge. L’effet mégaphone lasse nos oreilles et déconcentre nos esprits, “Fool For Love” en est l’exemple. Même si l’on ne peut réfuter la qualité de l’oeuvre de part les textes et arrangements, nous restons, malgré tout, mitigés, la température est tiède et un quelconque voyage ne prend pas. L’essence rectiligne de “Way Out There” et “Frozen Pines” révèle une divergence, une certaine aventure égarée et l’on se perd. Reprenons le terme “végétal” de la pochette de l’ensemble nous offre l’indice d’une introspection, sur une série d’expériences vécues. La tram de “Strange Trails” évoque le besoin vital de l’homme face à la nature. Toutefois, quatorze titres seraient peut être un brin trop long. Le manque de relief nous ronge et nous laisse perplexe. Pour les adeptes de musiques balladeuses et naïves : cet album sera pour vous. Vous vous laisserez prendre au jeu de “Cursed” et de l’ode romantique de “The Night We Met”. Dans “The World Ender”, la voix de Ben Schneider prend une forme plus charpentée et se permet quelques soubresauts, la rythmique des percussions et la partie guitare se marient au genre lancinant. Ce titre pourrait se démarquer du reste s’il ne s’agissait pas d’un seul morceau sur un ensemble. Au contraire, il porte peu de poids et perd notre fragile emprise

À bien des égards, la tâche de la critique est aisée. La justesse et l’objectivité sont incontournables et les mots doivent être tranchés. Il est difficile de dépister ici une originalité, l’écoute est agréable, mais dans sa globalité, “Strange Trails” manque indubitablement de corps.