Après deux EP très remarqués, Matthew “Murph” Murphy (The Wombats) profite de l’été pour sortir “Wherever I Go, I Want To Leave”, le premier album de son projet solo: Love Fame Tragedy.
De l’eau a coulé sous les ponts depuis le délirant “Girls, Boys And Marsupials” (2006) des Wombats et avec les années semble être également venu le temps de nouvelles collaborations ainsi que l’envie de voler de ses propres ailes.
Une pièce en trois actes
Amoureux des titres à rallonge, c’est avec le premier EP “I Don’t Want To Play The Victim, But I’m Really Good At It” (2019) que s’ouvre l’oeuvre de Love Fame Tragedy. Quatre morceaux déjà prometteurs dont le très entraînant “My Cheating Heart”, en duo avec la top model Maddi Jean Waterhouse, et “Backflip” au rock mélancolique et planant. “Brand New Brain” et “Pills” sont quant à eux plus pop mais tout aussi réussis.
Le second acte et deuxième EP “Five Songs To Briefly Fill The Void” vient confirmer le talent de Murph en solo et la cohérence de ce projet artistique pop rock en mars dernier. “Multiply” et “Riding A Wave” sont de vrais tourbillons auditifs, chacun nous projetant dans une dimension singulière, tandis que “Body Parts” et “Please Don’t Murder Me (Part 2)” offrent de très belles parenthèses de douceur rock.
Puis arrive “Wherever I Go, I Want To Leave” et ses dix-sept morceaux dont sept inédits, troisième (et dernier ?) acte du lancement de Love Fame Tragedy qui tiendra à priori plus de la Fame que de la Tragedy étant donnée la qualité remarquable de l’ensemble.
Un travail d’équipe
Les collaborations artistiques permettent souvent de sublimer des morceaux et Murph s’est très bien entouré pour produire ce projet solo presque collectif. Joey Santiago (Pixies), Mark Stoermer (The Killers), Kanye West, Matt Chamberlain (Mac Miller, Pearl Jam), Gus Unger-Hamilton (Alt-J); tous ont mis leur grain de sel et de génie dans la production du premier album de Love Fame Tragedy.
Savoir s’entourer, c’est bien; savoir partager, c’est mieux. Du haut de ses années d’expériences, Murph connaît sa voix et celles qui sauront lui donner de l’écho. Pour preuve, le génial “Multiply” en duo avec l’Australienne Jack River, aux couplets électro pop planants, entrecoupés de refrains irrésistiblement entraînants. “My Cheating Heart” n’a pas non plus à rougir de sa collaboration féminine puisque c’est en partie grâce à la voix de Maddi Jean Waterhouse que ce premier extrait d’EP parvient à trouver son équilibre parfait et devenir le porte-drapeau de la finesse d’un ensemble artistique.
Et beaucoup de finesse
Les collaborations ne font cependant pas tout et c’est à base de talent que l’on parvient à pérenniser un projet musical. Ça tombe bien, Matthew Murphy en déborde.
Il est vrai que les tonalités pop rock de “Wherever I Go, I Want To Leave” pourront désarçonner les fans des Wombats. Qu’on se le dise : Love Fame Tragedy a autre chose à offrir. On est loin des ados délurés qui racontaient de manière loufoque leur visite chez le médecin (si certains se souviennent du Dr Suzanne Mattox).
Le projet est ici plus personnel et les titres se font le reflet d’émotions plus profondes, plus matures. En ouverture de disque, “5150” et son synthé explorent la brèche d’un mal-être intérieur. La voix filtrée apporte une certaine douceur et de la distance à un titre qui met en scène le code 5150 utilisé par la loi californienne pour protéger les personnes pouvant représenter un danger pour elles-mêmes. Les paroles, la production, le rythme : la finesse est absolument partout dans ce morceau.
La cohérence artistique de “Wherever I Go, I Want To Leave”, son savant équilibre entre pop et rock ainsi que la subtilité générale de ses titres ne font aucun doute : le lancement en solo du talentueux Matthew Murphy n’est qu’une formalité avant que le feu des projecteurs ne se tourne durablement vers Love Fame Tragedy.
Informations
Label : Good Soldier Songs / AWAL
Date de sortie : 10/07/2020
Site web : www.lovefametragedy.com
Notre sélection
- Multiply
- My Cheating Heart
- Backflip
Note RUL
4,5/5