Mac Miller – Balloonerism

Dix ans. C’est le temps qu’il aura fallu attendre pour que l’album perdu de Mac Miller, Balloonerism, fasse enfin surface. Longtemps réservé à SoundCloud et aux plateformes underground, ce disque posthume soulève une question cruciale : hommage sincère ou simple opportunisme commercial ? Dans ce cas, pas de doute, on est face à une véritable célébration de l’artiste. Et la qualité est au rendez-vous.

Une sortie officielle très attendue

Disparu en 2018, Mac Miller nous livre ici son deuxième album posthume. Si Circles (2020) avait su s’imposer comme un classique instantané, Balloonerism arrive avec un passé tumultueux : entièrement terminé en 2014, l’ensemble avait été mis de côté par Rostrum Records, jugé trop incomplet. Aujourd’hui, c’est un projet d’une rare intimité qui nous est présenté, révélant un Mac Miller au sommet de son introspection.

Les titres marquants ? “DJ’s Chord Organ”, en featuring avec SZA, qui révèle une alchimie musicale envoûtante, et “Transformations”, où son alter ego Delusional Thomas fait une apparition remarquée. Mac y assume des influences longtemps jugées marginales, oscillant entre rap et chant. Mention spéciale à “5 Dollar Pony Rides”, dont la ligne de basse signée Thundercat et les percussions parfaitement dosées ajoutent une touche de modernité bluffante.

Un avenir funeste en filigrane

Cet album a quelque chose d’inquiétant. Mac Miller y dissèque ses doutes et ses angoisses, notamment sur “Manakins”, où il partage ses peurs face à sa dépendance et son obsession de la mort. Les paroles de “Shangri-La” résonnent comme un sombre présage : “Si je meurs jeune, promets-moi de sourire à mes funérailles.” L’ombre d’une fin tragique plane sur tout l’album, et le morceau “Excelsior” enfonce le clou, dressant un portrait d’une enfance insouciante vue comme le dernier rempart avant la descente aux enfers.

La pochette du disque, réalisée par Alim Smith, illustre à merveille cette dualité : entre rêve et cauchemar, addiction et liberté. Le voyage se termine sur “Tomorrow Will Never Know”, concluant par un bip téléphonique glaçant, comme une ultime tentative d’appel à l’aide.

Balloonerism s’achève dans un silence pesant, laissant l’auditeur face à une véritable introspection : “Qu’est-ce que je viens d’écouter ?” C’est un projet audacieux, intime et sombre, qui confirme l’immensité du talent de Mac Miller et sa lucidité face à ses démons. Une plongée à la fois brutale et poétique, qui résonne comme un dernier adieu poignant.