Man Overboard – Passing Ends

De retour après le classique “Heart Attack” (2013), les américains nous présentent, en cet automne, un nouvel et inattendu EP, “Passing Ends”. Publié par le biais de l’alliance Rude Records/Lost Tape Collective, la formation, pleine de fougue, a voulu s’essayer à un nouveau genre, l’acoustique, à l’image de The Story So Far, qui révélait un peu plus tôt dans l’année, “Songs Of“. Mais, contrairement à ces derniers, la bande s’annonce plus joueuse avec cinq pistes exclusives, composées suite à la mort du père du chanteur/bassiste Nik Bruzzese. 

Les avantages à lier acoustique et pop punk ne sont plus à décrier. En effet, les morceaux résultant de ce processus possèdent comme caractéristique la puissance effrénée d’un jeu rythmé et gagnent en accessibilité, avec une image moins générique et brutale. Et tout cela, Man Overboard l’a bien pris en compte avec cet essai qui les autorisent à mettre en avant des douleurs sentimentales vécues, plus facilement prises au sérieux avec ce genre spécifique. “Twenty Years”, morceau d’ouverture au riff reconnaissable, confirme donc la tendance de la mélancolie et de la tristesse avec, comme simples appareils audibles, une double voix, une rythmique guitare/basse continue et une six-cordes d’ambiance. Le mariage parfait pour capter symboliquement l’élan de détresse du chanteur en pleine redécouverte du monde. “Stood Up” et “Secret Pain” suivent cette même lignée, touchant directement là où la sensibilité réside. Le pop punk ayant beau être un style réunissant déconnade et rapidité, avec des performances laissant tantôt à désirer, le côté “unplugged” de celui-ci s’avère être complètement à l’opposé, dressant plus clairement des textes judicieusement écrits et un besoin de musique pour faire passer les choses. “For Vince”, directement adressé au père de Nick, nous ferait même rappeler le Man Overboard du début, aussi insouciant que bruyant. Comme si cet événement fatidique ouvrait les yeux du groupe qui compte se remettre en question. Enfin, la chanson “Passing Ends”, seconde dans le tracklisting, mais de loin la plus pêchue, est la seule composition qui se rapproche le plus du style habituel des rockeurs : de la batterie, de la distorsion (bien qu’à revoir), des chants moins intimistes… Il aurait été peut-être plus logique de la mettre en fermeture, histoire de ne pas casser le rythme ! M’enfin…

Avec ce court disque, les américains réalisent enfin ce qu’ils avaient envie de faire depuis des années : sortir quelque chose d’acoustique, les rapprochant de leur public. Il est, cependant, triste de connaitre les circonstances de cette sortie, impliquant le décès de quelqu’un de proche à la formation. Il faut donc savoir prendre “Passing Ends” comme un hommage à ce père, qui a donné persévérance à cette formation, désormais considérée comme un grand nom dans le milieu pop punk contemporain. Saisissant !