Mark Lanegan – Imitations

Mark Lanegan sort “Imitations”, son huitième album solo. Un disque de reprises, à l’exception de deux titres, où l’ex-Screaming Trees prend décidément ses aises dans son rôle de crooner sombre.

Mark Lanegan le dit lui-même, il voulait reprendre les morceaux que ses parents écoutaient lorsqu’il était enfant, mêlés de ceux mis sur la platine par ses amis pendant ses jeunes années d’adulte. Douze variations sur le thème du désespoir masculin, que le colosse interprète et produit lui-même. La plupart soutenues par une simple guitare acoustique, un piano ou des envolées de cordes classiques. Ses versions sont à l’image de la pochette : dépouillée, classe, précieuse. C’est avec brio que Lanegan s’attaque à son concurrent Nick Cave (“Brompton Oratory”), mais surtout à John Cale avec “I’m Not The Loving Kind”. Sous une orchestration presque symphonique, le premier single extrait de ces “imitations” est somptueux. Lanegan colle de près aux originaux, sa voix de baryton produisant une nouvelle patine, burinée et caverneuse, à ces versions intenses et solennelles. Le très réussi “Deepest Shade”, de sa propre facture, épineux et au petit air de “Perfect Day” (Lou Reed) achèvera de nous convaincre de la qualité de l’opus. Si les arrangements de “Lonely Street” d’Andy Williams font penser à une chanson de Noël, la voix qui s’y pose est profonde et torturée. Lanegan rend hommage à la famille Sinatra, en revisitant les œuvres de Franck et Nancy avec “Pretty Colors” et “You Only Live Twice”, ainsi qu’au français Gérard Manset avec son “Élégie Funèbre”. Dommage qu’un accent à couper au couteau (pire que celui d’Iggy Pop !) empiète trop largement sur notre compréhension et la gravité de ce titre cérémoniel.

Au final, “Imitations” est un album qui ne trahit ni ses compositeurs, ni son interprète. Un beau recueil de souvenirs sonores du chanteur que l’on s’impatiente d’aller entendre en live à l’Alhambra le 15 novembre prochain.