Chroniques

Maserati – Rehumanizer

Le nom “Maserati” désigne peut-être pour certains une marque de voiture de luxe italienne : sachez que ce dernier désigne également un fameux groupe de rock. Une formation de quatre membres qui, comme des roues d’un véhicule, fonctionnent parfaitement depuis le début des années 2000, malgré quelques changements de formes. Et en plus de la spécificité d’avoir le même nom qu’une entreprise célèbre, les Américains ont une autre caractéristique plutôt notable : celle de produire une musique instrumentale à 99% où les guitares, basse, batterie et quelques folies électroniques parlent d’elles-mêmes. Un ensemble tendant à devenir presque futuriste et qu’il est difficile de passer à côté. Jugez plutôt avec “Rehumanizer”, le successeur de “VII” sorti en 2012, qui vient d’entrer en collision avec la planète Terre.

Cela fait quinze ans que la formation de Georgie façonne ce que l’on pourrait appeler son propre “son” qui lui permet de se détacher de la sphère musicale actuelle, mais surtout des autres. Maserati n’a donc pas besoin d’en faire beaucoup, si ce n’est être lui-même, pour continuer dans la bonne voie. Une nouvelle exploration en quête de la “vérité” qui se manifeste aujourd’hui par six pistes à la durée minimum de 4’57 et maximum de 10’06. Cette expérimentation veut jouer sur l’idée de longueur et de progression, là où les Pink Floyd avaient déjà mis les pieds et fait leur preuve. C’est donc au tour au quatuor de continuer l’épopée noble de la recherche d’émotions, toujours sans paroles… ou très peu : “No Cave” ou “Montes Jura”, aux intros Kraftwerk-iennes, réussissent le pari habile d’entretenir un paysage net articulé autour de guitares distordues, remplies de delay et rythmées par une humble batterie et quelques synthés atmosphériques. Le plus beau dans tout cela, c’est que Maserati est l’évidence même qu’il ne faut pas forcément être un professionnel des solos pour divertir. L’impact sur l’auditeur peut être plus fort avec des changements de structure maîtrisés et des amas de mélodies harmonieuses, déployés sur la longue comme un boeuf d’un jeune collectif à la recherche d’un prochain hit. “Rehumanizer I” et “Rehumanizer II”, dans le même esprit, jouent sur la continuité pour plaire, avec tous les petits détails qui font la différence. La musique instrumentale excelle en n’étant qu’elle-même.

Outre tout cet esprit presque commun, Maserati a poussé son raisonnement plus loin avec deux de ses dernières chansons, “Living Cell” et “End Of Man” : en plus d’une base classique, ces deux pistes se voient magnifiées par quelques “paroles”, des phrases appliquées par une voix modifiée telle un robot. Un effet qui fait presque toute la différence, étant donné que le chant est incrusté comme un instrument modulable, apportant un esprit électro futuriste à la Daft Punk, visibles aussi dans certains groupes de new wave. Cette folie reste cependant à nuancer, car l’instrumental reste au centre du sujet, les quelques mots n’apportant qu’une petite touche sympathique tout en renouvelant ce que Maserati savait déjà faire. Ce n’est donc pas un nouveau départ pour les Américains, mais une opportunité saisie avec conviction et réalisée avec brio.

Telle un “Gran Turismo”, Maserati maintient une tenue de route, vitesse au plus haut cran, avec “Rehumanizer”. Un disque passe-partout qui devrait plaire aux connaisseurs et intriguer les initiés, sans les envoyer dans les tréfonds du genre. L’ajout de chant dans certains morceaux sont la preuve d’une évolution constante des Américains, cherchant à renouveler leurs méthodes sans tomber dans la facilité. Espérons seulement que ce léger virage ne soit que ponctuellement utilisé, afin que les puristes puissent continuer de vibrer de cette bulle atmosphérique et de ces voyages digne d’un film de sci-fi des années 80.

Informations

Label : Temporary Residence Ltd/Differ-Ant
Date de sortie : 30/10/2015
Site web : www.ihaveadagger.net

Notre sélection

  • Living Cell
  • No Cave
  • Montes Jura

Note RUL

4/5