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Masters Of Reality – The Archer

Si Neil Young est le parrain du grunge, alors ce titre honorifique revient à Chris Goss pour le stoner. Véritable couteau suisse de la profession, son nom est associé à une qualité de production. Qu’il pose ses notes ou ses expertises, le résultat est là. Mais son œuvre, c’est avant tout Masters Of Reality. Entre problèmes de santé et une industrie changeante, le groupe ne se produisit plus qu’en live, sans successeur pour Pine/Cross Dover (2009). Seize ans plus tard, la lumière se fait désormais avec ce septième album studio, The Archer.

Deep in the rabbit hole again

L’ensemble débute par le titre éponyme avec une immersion instantanée dans l’univers sonore du groupe. Le monde a beau s’être transformé, l’identité et l’authenticité de Masters Of Reality sont intactes. Le doux chant de Chris Goss vient de suite accompagner une rythmique aérienne. Pas d’ouverture électrique, chose rare ne s’étant produite qu’avec Give Us Barabas (2004). Cependant, une guitare reste branchée pour maintenir l’illusion. Alain Johannes, collaborateur de longue date et pionnier du genre, est aussi de la partie. Partageant un savoir faire et bon nombre d’influences avec l’unique membre permanent de la formation, il rajoute un cachet à l’ouvrage.

En fervent défenseur d’une culture du groove, il permet à ce que la transition entre le second morceau, “I Had A Dream”, se fasse dans les règles de l’art. Le changement de décor s’opère avec une adresse proche de la perfection. Les riffs sont entêtants alors que Paul Powell nous ensorcelle à la quatre cordes. John Leamy, membre le plus récurrent de la formation, sait quand il faut envoyer du bois derrière les fûts. En somme, cette formule fonctionne à merveille à travers une setlist mêlant instants d’accalmie et énergie endiablée.

My god is the sand

Bien que ce disque soit moins fourni en accords distordus, il conserve tous les aspects qui font de chaque album de Masters Of Reality une réussite. La voix cristalline de Chris Goss, très proche de celle de son protégé Josh Homme, ne subit pas les affres du temps. Elle demeure immuable au service de mélodies qui capturent l’essence et la sensualité du blues avec des paroles baignant dans le mysticisme. Cependant, les expérimentations au delà du psychédélisme sont également présentes. 

Du piano honky-tonk de “Barstow” aux notes de gamme Rast de l’introduction de “It All Comes Back To You”, le leader et ses musiciens démontrent qu’ils ont un nombre infinie de cordes à leur arc. Car si le paysage ainsi que les usages de l’industrie du disque se métamorphosent, Chris Goss compte bien ne pas être hermétique au monde qui l’entoure. À soixante six ans, le compositeur continue d’influencer. Morceau après morceau, les idées défilent pour nous emporter dans un véritable tourbillon culturel. Cette ouverture d’esprit fait tout le sel ainsi que toute la différence entre chaque album.

Jewel of the desert rock

En moins de quarante minutes, les neufs titres font doucement taper du pied. Mais ils ont tendance à ne pas ménager nos cervicales en même temps. Cet album constitue une excellente entrée en matière ainsi qu’une parfaite continuité. Toujours en quête de challenge et en perpétuelle évolution, s’éloigner d’un son plus lourd a été la meilleure initiative pour ce retour dans les bacs.

Quand il s’agit de Masters Of Reality, la patience est récompensée. The Archer est un travail d’orfèvre. À l’image de Chris Goss, il ne cesse de se bonifier au fil des écoutes. Pas étonnant que ce dernier inspire ce qu’il y a de meilleur chez des groupes comme Queens Of The Stone Age. Au plaisir de pouvoir poser ce joyau sur une platine, et d’en apprécier toutes les subtilités en live.

Informations

Label : Mascot Records
Date de sortie : 28/03/2025
Site web : mastersofreality.com

Notre sélection

  • I Had A Dream
  • Mr. Tap n’Go
  • It All Comes Back To You

Note RUL

 4,5/5

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