Megadeth – Super Collider

Deux années se sont écoulées depuis “Thirteen” (2011) et voilà que la bande de Dave Mustaine revient sur le devant de la scène. “Super Collider” signe ainsi le quatorzième opus du groupe. Suite aux précédentes productions, parfois poussives sur certains points, Megadeth saura-t-il redresser la barre pour proposer une solide album, qui répondra à l’attente des fans ? Mustaine ayant créé son propre label, c’est via Tradecraft que “Super Collider” sera distribué, en accord avec Universal. Enregistré de décembre 2012 à mars 2013, les onze titres trouveront-ils réponse à nos yeux ? La réponse dans trois quarts d’heure !

Débutons avec les deux premières pistes, dévoilées peu avant la sortie officielle de l’effort, à savoir “Kingmaker” et l’éponyme “Super Collider”. Le périple musical démarre donc sans attendre. La vibrante basse de David Ellefson se fait entendre, la tension monte petit à petit avant que les guitares n’accompagnent celle-ci. Plutôt simple mais bougrement efficace, les couplets sont accrocheurs jusqu’au refrain, plus en mélodie comparé au reste. Cependant, première remarque, la similitude avec des éléments propres à “United Abomination” (2007), sauf qu’il manque un brin de puissance et de vitesse. De même, le refrain adopte des sonorités faisant penser à “Symphony Of Destruction”, néanmoins les sublimes performances solistes de Dave et de Chris viennent éclaircir tout celà. Suit donc “Super Collider”, qui, soyons franc, surprendra. N’ayez crainte, le matos reste toujours “metal”, mais le faux rythme laisse à penser que ce titre est plus hard heavy qu’autre chose. De plus, Dave peine quelque peu, la fatigue s’en ressent malgré les quelques effets qui tentent de couvrir les petites imperfections. Une piste étonnante mais quid de la suite ? Dans un registre plus sage, Megadeth va continuer sur sa lancée, entre riffs accrocheurs et passages plus mélodiques, les quelques faux rythmes seront également de la partie. Entre les étonnants choeurs sur “Build Of War” et l’original thrash, et sombre, de “Off The Edge”, cette nouvelle réalisation de Megadeth est surprenante. Les deux apparitions de David Draiman, qui sera aux côtés de Megadeth cet été, outre-Atlantique, avec Device, apportent également de belles choses. Ainsi, avec “Dance In the Rain” dont la dernière minute sera tout simplement parfaite, avec des allers-retours vitesse grand V, ce qu’on aurait voulu constater un peu plus globalement,  et “Forget To Remember”, dans un registre plus rock et épique, il nous sera possible d’entendre la voix de Draiman ici et là, mais cela reste assez minime, de quoi laisser quelques regrets. Par la suite, “The Blackest Crow” et son banjo introductif, installe une petite ambiance cowboy jusqu’à un démarrage plus éléctrique. Un brin de fraicheur et d’originalité qui sont bien évidemment les bienvenues et qui une fois de plus étonnent. Quant à “Don’t Turn Your Back”, son début bluesy sonne parfaitement jusqu’à l’excellente montée en puissance, qui forte de son orientation clairement plus hard, réussit tout de même à nous convaincre. Malgré tout, est-ce vraiment ce qu’on attend de Megadeth, membre du Big Four du thrash metal americain ? Ne sommes nous pas en droit d’attendre autre chose ? La reprise de “Cold Sweat”, de Thin Lizzy, finira sur une note, une fois de plus, plus hard mélodique que thrash, de manière assez anécdotique malheureusement.

Du bon, du moins bon… “Super Collider” n’est certainement pas l’album de l’année, loin de là. Malgré les interessants éléments qu’il dégage, ce nouvel opus aura du mal à convaincre les adorateurs de thrash metal. Le Megadeth de la grande époque ne se traduit qu’en live, et encore, Dave Mustaine tient toujours tout en main, peut-être devrait-il laisser plus de place à Chris Broderick lors des phases de composition ? Saluons tout de même les prises de risque, qui plairont ou pas, qui débouchent sur un disque difficile à appréhender.