Melissmell est un groupe français, mêlant des textes poétiques et révoltés à des mélodies rock, enfin révolté comme Pep’s est révolté. Après un premier album plutôt bien accueilli par la critique et diffusé sur toutes les ondes, Mélanie Coulet revient avec un deuxième album, “Dans La Gueule Du Loup”. Dans la même veine que le précédent opus, ses chansons sont caractérisées par une rage et un militantisme hérités de Noir Désir, Léo Ferré ou Mano Solo. Sa musique et ses textes abrupts la rapprochent de Nirvana. Ses chansons traitent des maux de notre société moderne. Exclusion, écologie, injustices, futilités de l’existence, anticapitalisme, sont ses thèmes de prédilection.
En travaillant sur ce deuxième essai, Melissmell n’a pas conservé ses propres chansons. Elle a décidé de ne chanter que les oeuvres de Guillaume Favray, cerise sur le gateau : Mel s’entoure du pianiste Matu, qui a joué plus de dix ans avec Mano Solo et le guitariste Daniel Jamet était dans la Mano Negra, importante influence dans la vie de Mélanie Coulet. Malgré cette volonté de bien faire et de bien s’entourer, le disque n’en est pas moins désuet. La moitié de l’album est d’un minimalisme hors du commun : un ensemble piano/voix lancinant se voulant proche de Brel, et qui tire plutôt vers Barbara. De “La Crapule” à “La Colère” en passant par “Les Brebis”, ce n’est pas une envie de révolte que Melissmell apporte, mais une envie de se taillader les veines. Par ailleurs “Les Brebis” renvoie à une métaphore sur la société par le biais du mouton de panurge, vu et re-vu. La morosité ne s’arrêtera pas là, appuyé par quelques pointes de guitares sèches, “Les Jours De Récoltes”, reste dans cet esprit, étiré par des rimes en “é”, plus facile c’est impossible. La rythmique de la guitare sèche se fera plus présente sur “Déserteur”, titre à mi-chemin entre Zaz et Pep’s. “Madame” se veut plus grave, Melissmel pousse le grain rauque de sa voix pour se rapprocher d’une de ses autres influences, Bertrand Cantat, mais, là encore (pour paraphraser le texte), cela ne vous “sauvera pas de ce mortel ennui”. “Les Souvenirs” arrive à créer un équilibre entre piano et guitare énergique et voix plaintive et criarde, le morceau tiendra la distance plus de huit minutes, ce qui est agréable après plus d’une demi-heure de tristesse contemplative. Un autre morceau, comme un mirage, essayera de sauver l’album. “Rock’N’Roll” fait l’effort avec une guitare électrique sauvageonne, un piano appuyé, un riff explosif. Un titre bien produit et extrêmement bien mené, autant Janis Joplin que Nancy Sinatra.
Comment faire un album de rock révolté sans batterie et sans rage ni colère ? Il semblerait que Melissmel ait essayé en vain. C’est bien beau de s’entourer de la tribu de feu Mano Solo, ce n’est pas pour autant que l’opus a la même qualité musicale que ses pères. Autre point dommageable : Mélanie n’écrit plus ses textes et s’appuie sur Guillaume Favray, ce qui rend cet effort beaucoup moins personnel. Piochant dans ses influences (Noir Désir, Léo Ferré, Brel) sans vraiment les distiller, l’artiste n’atteint que la misère et la morosité d’un constat plaintif sur le monde qui l’entoure. N’arrivant pas aux désirs de révolte, Mel laisse l’auditeur entre un monde qui s’autodétruit, les connards de suiveurs et les anciens amours venant vous tourmenter. Une personne sereine se goinfrera de Témesta et Prozac à la fin de l’album, une personne sur le fil se finira au rasoir.
Informations
Label : Discograph
Date de sortie : 09/04/2013
Site web : www.melissmell.fr
Notre sélection
- Rock'N'Roll
- Les Souvenirs
- Déserteur
Note RUL
2/5