Au sein de la scène française, il y a ceux qui suivent le mouvement, et ceux qui parviennent à se démarquer. Merge fait nettement partie de cette dernière catégorie. Avec un EP “Transmission” paru en 2012, les français avaient déjà réussi à exploiter leur potentiel et se faire une place. Après une signature chez Red Cord Records, la bande poursuit son chemin avec un premier album attendu, intitulé “Elysion”, ou “La Grosse Claque Française”, au choix.
L’opus commence sur une intro des plus séduisantes, “A Perpetual Spring”, qui sonne le départ d’un voyage galactique, rappelant l’artwork, pour l’auditeur. Les fûts grondants, les quelques éléments électro et les cordes vibrantes feront décoller la mélodie dans un crescendo efficace, qui s’enchaînera directement avec la deuxième piste. “Lighters” débute en puissance et nous laisse découvrir le scream d’Anthony, nuancé par un chant clair, une dizaine de secondes plus tard. Pas de breakdowns à la pelle ni de refrains autotunés comme les collègues du genre, la musique est déroutante et dynamisée par un certain punch qui fait son effet, faisant de cette chanson une pièce finalement très ambiancée. Vient au tour de la déjà connue “Wolf’s Dagger”, grâce à laquelle l’auditeur embarque pour un voyage des plus enivrants avec ce véritable bijou qui deviendra dans les mois ou années à venir un titre incontournable de Merge. Les fûts de Kazu incarnent la source même d’une rythmique déstabilisante et apportent du caractère au morceau, tandis que les cordes de Julien, Louis (alias El Pimptattoo) et Charles contribuent indéniablement à son atmosphère captivante, sans oublier des capacités vocales très bien exploitées par Anthony, toujours aussi efficace. On en redemande malgré ses presque six minutes, mais la suite du repas nous sera servie bien vite avec la piste suivante. En effet, “Us Against Our Cities”, emprunte d’une fraicheur qui fait plaisir aux tympans, se laissera écouter d’un trait. Le refrain, très énergique au demeurant, sera des plus entraînants, et les passages épurés serviront de transition à la chanson, qui prendra une dimension plus magistrale avec l’apparition de gang vocals au bout de quelques minutes. La forte personnalité du combo est bel et bien là, “Joy Illusion” pour preuve. Premier single officiel de la formation, ce hit en puissance envoûte, transporte et fascine grâce à une ambiance intense qui tient en haleine du début à la fin, et démontre par A + B que l’atmosphère est le pilier de l’album. Une tempête de décibels déboule plus loin avec un “Daily Grind” bluffant de force, varié et sans temps mort, avant que la dernière track, “Is This My Wish, Is This My Will”, part 2 du titre “In Details” issu de l’EP “Transmission” (2012), ne fasse son apparition quelques minutes plus tard : un instrumental planant et logiquement plus posé que les chansons précédentes, mettant en évidence une technicité maîtrisée de bout en bout et renforçant l’émotion qui s’en dégage. Une belle réussite.
Musicos, sans vouloir vous décourager, il sera bien compliqué de surpasser Merge pour cette fois. Créée il y a seulement trois ans, la formation parisienne nous livre un disque abouti, magnifié par une production de Nicolas Delestrade (Novelists). Les ambiances sont recherchées, travaillées et farouchement entraînantes, sans pour autant sonner comme une pâle reproduction de ce qui a déjà été fait. Plus qu’un coup de cœur ou une énorme claque auditive, “Elysion” se positionne clairement comme le meilleur album français de l’année pour le moment. Merge vient de frapper un grand coup, ni plus, ni moins.
Informations
Label : Red Cord Records
Date de sortie : 18/02/2014
Site web : www.facebook.com/thisismerge
Notre sélection
- Wolf’s Dagger
- Joy Illusion
- Us Against Our Cities
Note RUL
4.5/5