Chroniques

Metallica – Hardwired…To Self-Destruct

Après huit ans d’une longue et interminable attente depuis la sortie de “Death Magnetic” (2008), Metallica revient enfin avec un double album nommé “Hardwired…To Self-Destruct”. Si on excepte la collaboration hasardeuse avec Lou Reed sur “Lulu” (2011) ou encore le long métrage “Through The Never” (2013), les fans des Mets n’ont pas eu grand-chose à se mettre sous la dent depuis bien longtemps. Nul besoin de préciser que l’attente est évidemment énorme autour de cette nouvelle réalisation des Californiens. Reste à savoir si les Four Horsemen auront mis à profit ces huit années de transition pour effectuer un retour retentissant.

Grâce à trois titres dévoilés avant la sortie officielle, il était possible de deviner ce que le quatuor nous réservait. “Hardwired” qui ouvre l’ensemble avec son rythme effréné, “Moth Into Flame” doté d’un refrain très entraînant et enfin “Atlas, Rise!” et son style très proche d’Iron Maiden et de l’esprit heavy des 80’s laissaient supposer que Metallica s’était évertué à distribuer un metal très direct et efficace.

Pourtant, et c’est une très bonne surprise, le reste des morceaux est beaucoup plus varié que ce que les premiers titres révélés laissaient présager. On retrouve des rythmiques plus lourdes et lentes comme sur “Now That We’re Dead” ou “Dream No More”. Les guitares y sont épaisses et graisseuses à souhait et renvoient inévitablement à la période “Load/Reload” de la discographie des Mets. “Halo On Fire” se présente comme très mélodique, des parties de guitare claire et une outro frissonnante de toute beauté en font l’un des morceaux clés de l’opus. Le thrash pur et dur des débuts est identifiable à travers le remuant “Spit Out The Bone”. Ce titre qui conclut le disque ne laisse aucun répit à l’auditeur et dévaste tout sur son passage, avec une avalanche de riffs de la paire Hetfield/Hammett sur un tempo hallucinant.

Malheureusement, quelques compositions du tracklisting apparaissent plus faibles. “Am I Savage?”, malgré une lourdeur et un groove intéressant, ne décolle jamais et traîne trop en longueur. Même constat pour “ManUNkind” qui aurait pu prendre une meilleure forme si ses riffs avaient été exploités au maximum. Enfin “Murder One”, piste en hommage à Lemmy, s’avère peu enthousiasmant. On pouvait espérer meilleure réalisation des Américains pour rendre grâce au leader de Motörhead.

La performance des musiciens sur l’essai est à mettre en lumière tant elle est de qualité. En plus d’être une machine à riffs infaillible, la performance vocale de James Hetfield durant toute l’écoute est époustouflante. Son chant sur “Halo On Fire” est incroyable de nuances et de justesse. Son compère guitariste Kirk Hammett souffle le chaud et le froid en proposant des soli de qualités (“Dream No More”, “Now That We’re Dead”) mais aussi, et c’est dommageable, des plans de guitares maintes fois entendus et trop peu novateurs pour combler nos attentes. La basse de Rob Trujillo fait le travail, quoique un peu timide, mais elle accompagne parfaitement la batterie déchaînée de Lars Ulrich. Le Danois ne s’est pas ménagé et cogne inlassablement durant les douze morceaux.

“Hardwired…To Self-Destruct” mérite plusieurs écoutes attentives pour saisir toutes les nuances composant les titres. Et on comprend alors que le quatuor s’est fait plaisir en utilisant toutes les influences qui ont fait la formation qu’elle est aujourd’hui. De Black Sabbath qu’on peut identifier sur “Dream No More” à Iron Maiden sur “Atlas, Rise!” ou même Thin Lizzy sur certains duos de guitares épiques, Metallica a grandement puisé dans ses références tout en y ajoutant sa marque de fabrique et des clins d’œil renvoyant à sa riche discographie.

Cet album est, dans l’ensemble, une réalisation de qualité qui s’écoute avec un plaisir certain. Si beaucoup de points sont perfectibles et atténuent notre enthousiasme, force est d’admettre qu’il y a bien longtemps que Metallica n’avait pas sorti un effort studio aussi riche et étoffé. Espérons ne pas avoir à attendre de nouveau huit ans pour écouter sa prochaine offrande.

Informations

Label : Universal Music / Mercury
Date de sortie : 18/11/2016
Site web : metallica.com

Notre sélection

  • Moth Into Flame
  • Halo On Fire
  • Spit Out The Bone

Note RUL

3.5/5

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