Metallica aime être précurseur. A l’aube des années 2000, le groupe donnait un concert en compagnie de l’Orchestre Symphonique de San Francisco. Ce live intitulé “S&M” (comprenez “Symphonique & Metallica”), mêlait des morceaux du groupe et les arrangements de l’orchestre. Cette entreprise, fortement ambitieuse pour l’époque, suscita de nombreuses réactions. Certains, convaincus, adoubèrent la performance tandis que d’autres plus sceptiques ne voyaient que peu d’intérêt à la démarche. Vingt ans plus tard, Metallica renouvelle l’exercice avec la même compagnie dirigée par Michael Tilson Thomas (Michael Kamen, le chef d’orchestre du premier “S&M”, étant malheureusement décédé). Ce nouvel essai qui n’a plus rien de très original de nos jours démontre l’appétit insatiable des Four Horsemen. Ce “S&M2” sera-t-il une réussite ?
Un exercice ambitieux
Tradition oblige, c’est “The Ecstasy Of Gold” qui démarre les festivités. On ne présente plus l’efficacité de ce morceau d’introduction qui donne toujours autant de frissons. “The Call Of Ktulu” lui emboîte le pas et s’avère excellent de maîtrise et d’harmonie. Les quatre musiciens et l’orchestre se répondent admirablement et font passer une émotion certaine. Les nouvelles compositions se trouvent également rehaussées par cet ajout symphonique. “The Day That Never Comes” tiré de “Death Magnetic” (2008), se voit affublé d’une introduction dantesque et efficiente. Au final, ce sont les morceaux les plus efficaces en live qui fonctionnent ici. “One”, “Master Of Puppets” ou encore “Enter Sandman” nous emportent sans difficulté vers un sentiment de bien-être. A un degré moindre, “Nothing Else Matters” ou encore “For Whom The Bell Tolls” déclenchent moins de plaisir et même un peu de frustration. La performance étant plus minimaliste que ce que le potentiel de ces deux monuments peut déclencher lors des prestations live du quatuor américain thrash metal. Enfin, il faut souligner la réussite de “No Leaf Clover”. Ce morceau composé pour le premier “S&M” fonctionne toujours aussi bien et l’ajout de l’orchestre symphonique prend ici tout son sens.
Des moments forts
“S&M2” prend un réel intérêt par ces innovations et ces tentatives artistiques. L’orchestre est replacé au centre des débats lorsqu’il interprète un morceau du compositeur russe Serge Prokofiev. James Hetfield et ses acolytes arrivent peu après en interprétant “The Iron Foundry, Opus 19”, une composition d’Alexander Mosolov. Cet exercice met en lumière toute l’expertise de Metallica pour s’intégrer à l’orchestre symphonique. Les musiciens prennent un réel plaisir et cela se ressent à l’écoute. Les Américains n’hésitent pas à laisser la vedette aux musiciens classiques et savent s’effacer avec justesse. “(Anesthesia) – Pulling Teeth”, interprété par le contrebassiste de l’orchestre, célèbre avec brio le regretté Cliff Burton et déclenche une intensité émotionnelle forte. Même chose sur “The Unforgiven III” où James Hetfield se met à chanter seul avec la symphonie. Sa voix toute en gravité et fragilité rappelle l’émotion permanente qui habite le chanteur.
Une deuxième expérience qui fera parler
Ce second volume ne fera pas l’unanimité. Certains morceaux se trouvent transfigurés par l’ajout orchestral et procurent un réel plaisir. Des moments de grâce se dégagent de l’écoute et mettent en lumière tout le savoir mélodique de Metallica. D’autres compositions ne bénéficient pas du même traitement et peinent à convaincre. On n’y verra qu’un simple ajout de deux partitions sans réel cachet. Une fois de plus, Metallica divisera, comme c’est souvent le cas durant sa longue carrière. Mais il faut y voir la marque de fabrique d’un groupe légendaire, qui trace son sillon et ne suscite jamais l’indifférence.
Informations
Label : Caroline International
Date de sortie : 28/08/2020
Site web : www.metallica.com
Notre sélection
- The Call Of Ktulu
- The Unforgiven III
- Master Of Puppets
Note RUL
3,5/5