MGMT – MGMT

Depuis 2002 le duo répondant au nom d’MGMT, parcourt les univers rock alternatifs, écumant les horizons indies et psychédéliques. Après l’apparition du premier album “Oracular Spectacular” (2007), le groupe de Andrew VanWyngarden et Ben Goldwasser retient toutes les attentions et connait un véritable succès en 2010 avec leur deuxième opus “Congratulations” aux sonorités indie pop complexes. C’est donc après une pause de trois ans que les deux compères viennent refaire parler d’eux, notamment par la mise en scène de leur bande annonce décalée, sortie début septembre.

Déclarant s’être trop sentis dans l’urgence pour leur deuxième album, “Congratulations” (2010), Andrew CanWyngarden et Ben Goldwasser se sont donnés une pause pour réfléchir calmement à leur toute nouvelle création, histoire de laisser du temps au temps et de se recentrer. Connu pour ses morceaux entêtants et ses mélodies cosmiques, MGMT s’est élevé au stade de véritable cerveau musical. Avec ce disque, à la nouvelle méthode de fabrication, les créations apparaissent plus indie et perdent de leur fluorescence pop. “MGMT”, comme se nomme l’opus, nous accueille avec “Alien Days”, mit en ligne avant la sortie de l’opus. Apaisé et aérien, ce titre excentrique aux notes de synthé extraterrestres, emmène vers les mélodies incongrues et étranges du groupe bicéphale, enveloppé par la voix légère et douce d’Andrew. Outre la marque psychédélique de la formation, “MGMT” entraine l’auditeur dans une dimension musicale créative aux tonalités sinistres et sombres. Le synthétiseur reste dans des accords mineurs et donne des airs d’orgue astral dans “Mystery Disease”, et une dimension particulièrement grave dans “Cool Song No. 2” qui lui transmet une atmosphère tout à fait lugubre. Quant à “Astro-Mancy”, il révèle un aspect électro rock expérimental, qui évolue en inspiration cold wave par la rythmique froide et répétitive de la batterie et la dégénérescence finale des guitares. Certains morceaux passent un peu à la trappe, comme la reprise de Faine Jade, “Introspection”, qui demeure fade malgré tous les éléments mis en place, mais encore le maussade “A Good Sadness”, trop morose pour attirer l’attention et “Plenty Of Girls In The Sea” qui manque d’accroche. Heureusement, l’opus est dynamisé par quelques morceaux vifs et plus saisissants. “Your Life Is A Lie” vient remuer l’effort et réinstaure le talent du groupe, qui parvient à créer des mélodies entêtantes dans un morceau à la structure rigoureuse et narrée à la manière d’un sermon ironique. Le clip du morceau, réalisé par Tom Kuntz, ou encore l’artwork sont les représentations exactes de l’univers décalé et du second degré propre au combo. La petite perle “I Love You Too, Death” est un véritable poème nocturne minimaliste qui sent les Pink Floyd. En crescendo, le titre, qui débute avec une ambiance triste et démoniaque, s’illumine, se texture et gagne en mélodie tout en demeurant très sombre, poursuivant dans la lignée à l’atmosphère sinistre de l’ensemble. Une des plus belles pièces de l’essai est “An Orphan Of Fortune”, qui a le privilège de clore l’album. Avec une approche toujours aussi ténébreuse et triste, la composition devient océanique, modelée par un vent sonore mélodieux et survolée par un chant délicat et doux, avant de partir dans un rythme plus énergique en passant le relai à un harmonica sorti tout droit de Gorillaz. Le morceau détient plusieurs vies et semble renaitre après une fin prématurée, pour perdurer dans une délire entre guitare, basse et batterie.

Avec son ambiance toute nouvelle qui se détache clairement de la pop psychédélique colorée des deux albums précédent, “MGMT” n’est pas une machine à hit comme ont pu l’être “Oracular Spectacular” et “Congratulations” mais apparait comme un terrain fertile à l’imagination des deux artistes. Les américains s’engageront dans une tournée européenne à partir du 26 septembre avant de s’en aller vers les Etats-Unis, et seront de passage à Paris à l’Olympia le 8 octobre.