Mike And The Melvins – Three Men And A Baby

C’est un album qui aura attendu seize ans pour pointer le bout de son nez. En 1999, Mike Kunta, chanteur et bassiste du groupe godheadSilo, rejoint King Buzzo (guitare/basse/chant), Dale Crover (batterie/chant) et Kevin Rutmanis (basse/chant), alias The Melvins, pour un projet commun. Sous la formation Mike & The Melvins, ils entament ensemble l’enregistrement d’un album qui se retrouve rapidement au placard faute d’être achevé. Quelques années plus tard, pour des raisons inconnues, le projet est remis au goût du jour. Le résultat est dorénavant disponible sous le titre “Three Men And A Baby” sur le label américain indépendant Sub Pop.

La prometteuse première chanson “Chicken ‘N’ Dump” nous plonge immédiatement dans une autre époque : celle des années 70/80 caractérisées par ce genre de rock noise américain old school, mélange de doom et de grunge, que l’on peut écouter autour d’une bonne bière entre amis. On reconnaît inévitablement les deux styles musicaux de Mike Kunta et des Melvins, auxquels nous sommes habitués. Mais on s’aperçoit rapidement que, malgré quelques riffs puissants, l’ensemble manque cruellement de reliefs en général : mise à part “Limited Teeth”, aucune chanson ne se distingue réellement l’une de l’autre, aucun solo à proprement dit, aucune mélodie saisissante, un tempo et une ambiance quasi similaire tout le long de l’opus.

Une oreille avertie distinguera davantage les mélodies à la deuxième écoute : petit à petit, elles vous enveloppent comme une immense nappe auditive qui vous transporte mais qui peut vous lasser rapidement si vous n’êtes pas un amateur du genre. Les voix, brumeuses, en définitive bourrées d’effets, rendent les paroles difficilement compréhensibles, créant une sensation de répétition constante. Malheureusement, il devient difficile de ne pas décrocher au bout du cinquième morceau avec l’impression d’avoir rapidement fait le tour.

“Three Men And A Baby” demeure techniquement un assez bon effort studio : un jeu de batterie percutant, des riffs de guitare entêtants et planants, mais il manque de fraîcheur dans l’ensemble. Ce mélange de doom metal, grunge et noise rock à l’américaine, nécessite une oreille connaisseuse et passionnée. Si le genre n’a pas réellement fait succès en France jusqu’à présent, Mike And The Melvins ne le remettra pas au goût du jour. Toutefois, ils trouveront incontestablement des amateurs fidèles de ce style dans l’Hexagone et outre-Atlantique.