Miles Kane – Don’t Forget Who You Are

Quel est le lien entre les trois groupes britrock The Little Flames, The Rascals et The Last Shadow Puppets ? Miles Kane, évidemment ! Alors que son duo avec Alex Turner (leader des Arctic Monkeys) est un peu aux arrêts, Miles se donne à corps perdu dans sa carrière solo. Son premier album, l’explosif “Colour Of The Trap” (2011), où Noel Gallagher, Gruff Rhys ou encore Clémence Poésy prêteront leur voix. La critique salue l’essai et voit en Miles un grand artiste en devenir qui mérite sa place sur la scène britrock et pop. De retour avec un nouvel opus intitulé “Don’t Forget Who You Are”, couronné d’une production vintage signée Ian Broudie, notamment connu pour son travail avec The Zutons et Echo & The Bunnymen.

A la première note de “Taking Over”, l’influence de son comparse Alex Turner se mélange à un grain pop nettement moins gras que sur son précédent effort. Le solo final viendra percuter dans un riff scintillant aux sonorités 60’s du Mersey Sound. Nettement plus blues au démarrage, “Don’t Forget Who You Are” ira tutoyer les Turtles à coup de choeurs et d’envolées de guitares. Plus tard “Out Of Control” ira marcher sur les traces de Liam Gallagher avec tous les éléments d’une ballade britpop à l’instar d’Oasis. Cette ombre continuera à planer sur Miles Kane avec “Bombshells” et “Tonight”, dans un style rock percutant et accrocheur mais hélas l’aspect arrogant et hargneux, ainsi que la position de la voix ne font que rappeler la patte de Liam. “What Condition Am I In?” va laisser la guitare effectuer des riffs glam tandis que Miles joue avec sa voix pour obtenir la sensualité énergique de Marc Bolan. Ailleurs, Paul Weller (The Jam) apparaît au piano sur “Fire In My Heart”, un titre qu’il a également co-écrit. Vu le passif de Paul et la ligne agressive de l’opus, il est étrange qu’il ait collaboré à un morceau aussi nébuleux et cotonneux. Un calme avant la tempête blues punk, “You’re Gonna Get It”, la batterie part à toute allure et la guitare grasse tente de suivre, un titre à mettre dans la discographie de tous les Hell’s Angels. Toujours aussi violent mais cette fois plus proche du garage punk, “Give Up” installe des murs de guitares martelées par une batterie saccadée. “Darkness In Our Hearts”, se penchera sur le dynamisme des Strokes, pour y insuffler une rythmique sixties positive, un piano pop et un solo de six cordes déflagrateur.

Miles Kane joue au grand écart entre rock et pop, même sa voix par dans diverses influences tantôt du coté de de T-Rex, tantôt Bowie et bien sûr Oasis. L’ensemble reste diablement accrocheur et Miles Kane, livre ici son album le plus honnête, tant dans les textes que dans la musique. L’enthousiasme scandaleux de Kane donne un rythme sans relâche tout au long de l’album, mais malheureusement cette ferveur ne fait pas tout et sur certains titres, son style s’épuise. C’est un très bon disque bien qu’il ne permette pas vraiment de le hisser au-dessus des autres groupes brit du moment et ne devient que la version mod de High Flying Birds, Kasabian ou Beady Eye.