Mos Generator – Abyssinia

Donner un nom au style pratiqué par certains groupes relève parfois du casse-tête. Mos Generator en est un bel exemple. Si les précédents albums du groupe lui ont collé une étiquette de “heavy rock”, les influences et le style des Américains vont beaucoup plus loin. Le power trio emmené par Tony Reed (chant/guitare), Seath Booth (basse) et Jon Garrett (batterie) aime naviguer entre les genres et ne se laisse aucune limite. Le dernier album, “Abyssinia”, confirmera-t-il cette tendance ?

La première écoute des dix pistes composant l’opus laisse entrevoir une très grande variété et répond rapidement aux interrogations suscitées. Le trio ne s’est toujours pas décidé à se cantonner à un seul style et jongle avec succès entre les genres. Le morceau d’ouverture, “Strangest Times”, propose un heavy pêchu aux relents parfois stoner et renvoie la formation à ses premiers amours. “You’ve Got Right” et “Catspaw” suivent le même itinéraire.

Le son y est très bon et les différents instruments se répondent de belle manière sans qu’aucun n’étouffe l’autre. La voix de Reed se fond parfaitement dans les différentes compositions. “Red Canyons” fait dans le plus rapide et ravira l’auditeur avide de hard rock direct et sans concession.

“Easy Evil” marque un premier tournant en lorgnant clairement vers le stoner voir le doom metal mais en gardant toujours ce côté heavy qui rend les chansons entraînantes. On retrouve ce même doom plus loin avec l’excellent “As Above So Below” et ses touches aériennes bien portées par la voix de Tony Reed. La même recette est appliquée pour “There’s No Return From Nowhere” en alternant riffs lourds et séquences planantes.

Avec ces divers passages aériens et mélodiques, le groupe affiche sa volonté de naviguer vers le monde du psychédélique. “Outlander”, qui conclut l’œuvre des Américains, fait très nettement penser à un morceau de Pink Floyd. Tout y est calme, posé et le chant renvoie aux plus belles heures du progressif des 70’s. Le solo de Reed est à souligner pour sa justesse. On retrouve également cette touche psyché à la fin de “Time And Other Thieves” avec une judicieuse utilisation des synthés.

Mos Generator délivre un disque qui brille, une fois de plus, par sa richesse et sa variété. Du heavy au stoner en passant par le psychédélique, le power trio puise dans ses influences des 70’s en y apportant sa touche de modernité. “Abyssinia” peut se résumer à un savant et improbable mélange entre le progressif de Pink Floyd et le stoner de Kyuss, et le résultat est détonnant !