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Mothica – Kissing Death

Si vous n’avez pas suivi l’actualité musicale depuis 2018, remettons rapidement les points sur les i. Mothica n’est pas le kaijū de la Tōhō qui se met soit sur la gueule, soit en équipe avec Godzilla. Il s’agit bien d’une chanteuse. Artiste émergente de la scène pop alternative, McKenzie Ashton Ellis, de son vrai nom, exorcise ses démons à travers ses chansons. C’est avec son troisième album Kissing Death qu’elle nous livre une autre facette de son talent et de ses angoisses.

Into the concept

Une ambiance sombre nous enveloppe à peine le disque posé sur la platine. “The Void”, de par son titre et ses sonorités électroniques, réussit l’introduction immersive. Une production minimaliste mais léchée sert d’écrin à la voix envoûtante de Mothica. Les notes de guitare électrique sont percutantes tout en restant en retrait pour faire place à une ritournelle de synthétiseur. “I’ve been so obsessed with romanticizing death,
I know how the story ends
” confirme le talent de la parolière sur un morceau aux allures beaucoup plus légères. Une manière étonnante de maîtriser un contre-pied pourtant subtil.

Au fil des morceaux, la vague synthwave se mélange avec des sonorités rock plus traditionnelles pour faire émerger une dark pop. Là où le riff de basse de “Toxins” résonne de façon tonitruante pour ensuite rester en filigrane, c’est tout le contraire pour “Mirage”. La diversité des ambiances reste suffisamment cohérente pour ne pas nous faire perdre pied. Au contraire, il est facile de se laisser porter par une musique qui rayonne par l’éloquence et le sens des mélodies.

Analyze that

Prise en flagrant délit de tango avec la faucheuse sur la pochette, Mothica voit rouge à l’instar de ses premiers travaux. Même si le bleu n’est plus de la partie, l’introspection l’est toujours, s’exhibant aux côtés de l’imagerie gothique. L’alter ego de la chanteuse met en scène une thérapie de couple entre elle et la Mort. “Exit Plan” introduit le concept avec son refrain et les paroles suivantes : “How do you live when you don’t wanna die anymore“. Une phrase puissante qui peut définir l’artiste au-delà de la survivante d’abus. Une façon différente de vivre avec le traumatisme : juste vouloir vivre. L’art de nouveau au service de la santé mentale, un sujet qui ne sera jamais assez abordé.

Du récit autobiographique de “Doomed” en passant par les sessions de thérapie fictives avec le titre éponyme, le concept est poussé jusqu’au bout. Chaque titre est accompagné d’un clip vidéo. Le privilège de pouvoir sortir ses compositions sur son propre label permet d’assurer une liberté artistique. Ce qui donne l’occasion à la chanteuse de flirter avec bien plus que la Faucheuse. Bien du chemin a été parcouru de son Oklahoma natal à Los Angeles. Un voyage qui peut illustrer celui du papillon de nuit passant de l’obscurité à la lumière.

No rest for the wicked

Avec une absence totale de guest, il s’agit de loin de son œuvre la plus personnelle. Kissing Death couvre énormément de sujets en si peu de temps. Ce qui s’étale sur des mois, voire des années dans la réalité, est ici condensé en trente-deux minutes. Nocturnals (2022) souffrait d’un problème similaire avant de se voir édité la même année en édition deluxe incluant trois nouveaux morceaux et un featuring. L’ensemble laisse une faible marge de manœuvre pour digérer l’intensité des compositions. Mais heureusement, la qualité est de mise avant la quantité.

Le réel défaut réside plus dans le rythme. Véritable crescendo, Mothica déchaîne la puissance de sa section rythmique à partir du sixième morceau. Même si un titre comme “Another High” est un véritable déferlement d’énergie, les musiciens semblent trop en retrait. Une attente réduite de moitié sur la sortie précédente avec une révélation beaucoup plus brute. Et si le résultat est plus pop que rock, qu’à cela ne tienne. Une telle mise à nu a conscience de ses imperfections sur la forme. Au fur et à mesure des écoutes, elles finissent par s’estomper pour laisser briller le fond.

Kiss me deadly

Le pari est tout de même réussi. Mothica réussit à nous plonger un peu plus dans son univers. Kissing Death est un album cathartique regorgeant d’une honnêteté plus que bienvenue. Ce serait égoïste d’en demander plus au vu des révélations à travers le disque. Mais il paraît que quand on aime, on ne compte pas. N’est-ce pas Taylor ?

Informations

Label : Heavy Heart Records / Rise Records
Date de sortie : 23/08/2024
Site web : www.mothica.com

Notre sélection

  • Red
  • Toxins
  • Afterlife

Note RUL

 3,5/5

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