Mr. N, c’est d’abord un groupe angevin composé de cinq garçons qui ont baigné dans l’univers de Tim Burton depuis leurs plus jeunes années et ont décidé d’articuler leur son autour de cette référence commune, définissant leur style comme, selon leurs propres termes, du “rock burtonien”. Mais Mr. N, c’est aussi le nom d’un personnage central dans l’histoire qu’a imaginé Thibault Rollet autour de la musique du quintette, celle du récemment décédé William, qui doit traverser Middleway, le monde des morts, pour rejoindre le paradis, guidé dans son parcours par le loufoque Mr. N, gardien de l’équilibre entre le monde des morts et celui des vivants. Vous avez tout suivi ?
C’est vrai qu’il vaut mieux s’être un peu renseigné sur l’univers des Mr. N pour mieux comprendre ce que la formation nous propose dans ce premier EP, sous peine d’être un peu dérouté à la première écoute. Car il faut bien le dire, on a un peu l’impression d’être emporté dans un tourbillon tant les cinq morceaux choisis foisonnent d’idées et de variations en tout genre, qui assez mystérieusement fonctionnent toujours très bien. D’ailleurs, ce sont sans doute ces transformations régulières et parfois brutales dans le rythme, la mélodie, les effets, le chant et même l’ambiance qui donnent leur force à ces titres. Voir l’émergence d’un jeune groupe doté d’une telle richesse créative est si rare, ça fait plaisir. “Happy Buried”, qui commence doucement à la guitare seule avant de démarrer plus franchement, sonne comme une invitation à rejoindre l’univers gothico-humoristique de l’ensemble en nous donnant tout de suite le ton (“welcome to our world”). Puis on avance dans cet EP comme William à travers Middleway, en se laissant porter par les trouvailles de Mr. N. “Little Melody” se distingue par son refrain efficace et par la place prédominante qu’y occupe la basse. Sur “Dead Swing”, c’est plutôt la combinaison piano/rythmique endiablée qui se détache, dans une ambiance entre cirque et cabaret. Difficile de ne pas penser à la période “The Black Parade” de My Chemical Romance, dont la formation revendique d’ailleurs l’influence, avec également celle d’autres combos aux univers tout aussi affirmés, notamment Avenged Sevenfold et Panic! At The Disco. Quelques faiblesses vocales par moments sont à relever, mais encore une fois de nombreuses trouvailles viennent à la rescousse : des harmonies intéressantes, des effets sur la voix et des murmures insérés ça et là, comme sur “I Testify”. “Vampire Can Dance”, dernière chanson de l’EP, est sans doute la plus inventive mais aussi la plus fun. Piano et guitare électrique s’articulent très bien autour de la rythmique toujours changeante du morceau, lui conférant une atmosphère qui, comme le titre l’indique, est clairement festive. Alors que l’on quitte le monde fantastique imaginé par la formation, un point négatif vient quand même un peu noircir le tableau : l’accent français très prononcé, détail qui n’en est pas vraiment un quand le choix est de chanter en anglais, sous peine de sérieusement entamer la crédibilité du groupe. C’est dommage, car certaines paroles sont incompréhensibles, et la question du texte correctement formulé se pose. Il y a donc encore un peu de travail de ce côté-là. Vivement les résultats sur le prochain EP, annoncé d’ici la fin 2012. La poursuite du travail sur la mise en place des idées est conseillée, afin que toutes ces brillantes trouvailles qui alimentent leurs compositions s’organisent entre elles avec encore plus de cohérence, pour éviter la légère impression de fouilli qui plane par moments.
À part ça, on ne peut que souligner le potentiel de Mr. N, qui parvient à nous faire rentrer de plein pied dans son univers dès le premier EP, en nous donnant envie d’en découvrir plus. A très bientôt, donc !
Informations
Label :
Date de sortie : 01/04/2012
Site web : www.mister-n.com
Notre sélection
- Little Melody
- Dead Swing
- Vampire Can Dance
Note RUL
3.5/5