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Muse – Will Of The People

Le trio britannique dévoile déjà le neuvième album de sa longue carrière. Inscrit dans la continuité des thèmes chers à Muse, Will Of The People se veut également être une sorte de résumé de ce qu’a fait le groupe sur cette dernière décennie.

Simulation Theory (2018) était un voyage dans un univers cyberpunk aux sonorités très 80’s. Will Of The People continue d’explorer l’influence de cette décennie mais change totalement d’univers. Place ici à la synthpop, au metal progressif et beaucoup d’autres styles.

Un album sous forme de best of ?

Ce côté patchwork d’inspirations n’est pas nouveau mais est complètement assumé pour ce disque. À en croire Matthew Bellamy, Will Of The People est la réponse du groupe aux injonctions de Warner, son label, à sortir une compilation best of. Plutôt que de céder, les trois compères ont préféré créer un album qui serait le meilleur de Muse : leur meilleure chanson pop, leur meilleure chanson metal prog, etc. C’est une drôle et intéressante façon de détourner les attentes de la maison de disques, mais on ne peut pas vraiment parler de best of.

D’autant plus que le groupe a déjà de meilleures chansons. “Compliance” a beau être un hommage kitschissime mais ultra fun à certaines chansons des années 80, cela ne la rend pas meilleure que “Starlight” ou “Madness”. “Ghosts (How Can I Move On)” ne tient pas la comparaison avec d’autres ballades comme “Blackout”.

En revanche, on peut lui accorder qu’il allie plutôt bien le Muse post-2009 avec l’actuel. “Kill Or Be Killed” aurait très bien pu être l’une des pièces maîtresses de Drones (2015), tout comme “We Are Fucking Fucked” n’aurait pas détonné au beau milieu de The 2nd Law (2012).

Kitsch Or Be Kitsched

La plupart des détracteurs diront que Muse l’a toujours été tandis que certains fans diront que ce n’est pas ce qu’ils attendent des Anglais. Le fait est que, et ce depuis au moins Simulation Theory, Muse est définitivement kitsch. Cela va des synthés criards de “Compliance”, qui rappellent Europe, au rock digne d’un générique du Convoi de l’extrême de “Will Of The People”. Sans oublier “You Make Me Feel Like It’s Halloween” dont le titre parle de lui-même.

Matt Bellamy semble avoir complètement délaissé le côté sérieux et pompeux qui faisait partie intégrante de ses compositions auparavant. On peut donc être sûrs d’au moins une chose : Muse a l’air de s’être fait encore plus plaisir que sur Simulation Theory et cela se ressent. Le chant de Bellamy en est un exemple : sur certains morceaux, il se laisse aller à des vocalises, vraisemblablement grandioses à ses yeux, mais qui sonnent surtout caricaturales et même un peu ringardes.

Album fun

Plus que tous les autres albums qui l’ont précédé, Will Of The People transpire le fun et on imagine très bien les trois musiciens s’éclater à l’enregistrer en studio. Entre le son massif et alléchant des gros morceaux rock metal comme “Kill Or Be Killed” se trouvent des morceaux plus dansants, comme “You Make Me Feel Like It’s Halloween” ou “Euphoria”. Sans parler du final grisant, toutes guitares pétantes, de “We Are Fucking Fucked”.

Les paroles n’ont jamais été le fort du frontman mais il lui était déjà arrivé de signer des textes poignants et réussis. Et en dehors de “Ghosts (How Can I Move On)”, morceau inspiré par les tragédies de la pandémie, tout est caricatural. “We Are Fucking Fucked” et “You Make Me Feel Like It’s Halloween” se partagent la première place pour le nom le plus ridicule de l’ensemble. Les couplets ont au moins la décence d’être un minimum inspirés mais les refrains consistent en une simple répétition du titre des morceaux.

Talent en déclin

Mais au-delà même des paroles, ce sont les compositions elles-mêmes qui pêchent. La qualité d’écriture de Matthew Bellamy s’est fanée au fil des années. La formation se repose un peu sur ses lauriers et tombe dans la facilité. Un orgue un peu menaçant suffit désormais à donner à “You Make Me Feel Like It’s Halloween” sa vibe horrifique. Quant à “Won’t Stand Down”, on dirait tout simplement la vision du metal d’un adolescent qui aurait découvert le genre une semaine plus tôt. Le riff reste malgré tout efficace mais on attend mieux du virtuose qu’est Matt Bellamy. Idem pour “Ghosts (How Can I Move On)” qui n’est, au final, qu’une ballade au piano un peu trop simple.

Et comme c’est déjà arrivé à quelques reprises sur de précédents morceaux, on retrouve même des références à d’autres groupes. Le plus évident est Queen sur “Liberation” mais on peut également entendre Coldplay ou U2 sur “Verona” (très agréable morceau aux grosses influences synth soit dit en passant).

En définitive, Will Of The People pourrait être bien moins clivant que son prédécesseur. On commence à s’habituer au patchwork de styles et de genres que sont les albums de Muse depuis une décennie. Et surtout, on commence à s’habituer à ne plus vraiment voir le talent de musiciens et de compositeurs du groupe briller comme il avait pu le faire auparavant. C’est désormais la réalité du trio. Malheureusement, les hauteurs de Origin Of Symmetry (2001) ou de Black Holes And Revelations (2006) ne seront plus jamais atteintes et cela il va falloir s’y faire tôt ou tard.

En tout cas, sur cet album, à une ou deux exceptions près, Muse semble avoir été au bout de ses idées (quitte à en faire trop). Pas exactement pour le meilleur mais pas non plus pour le pire.

Informations

Label : Warner Music
Date de sortie : 26/08/2022
Site web : www.muse.mu

Notre sélection

  • We Are Fucking Fucked
  • Kill Or Be Killed
  • You Make Me Feel Like It’s Halloween

Note RUL

 3/5

Ecouter l’album

1 Commentaire

  1. Il est top cet album à part 1 chanson que j’apprécie moins , le reste c’est vraiment DU GRAND MUSE !!

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Corentin Vilsalmon
J'aime la musique, j'aime écrire, pourquoi ne pas allier les deux ?