Si les Canadiens de Nickelback sont principalement connus dans nos contrées pour leurs tubes “Rockstar” (2005) et surtout “How You Remind Me” (2001), la bande de Chad Kroeger est pourtant loin d’être un “one hit wonder”. Fort de ses vingt-sept années d’expériences, ce mastodonte aux cinquante millions de disques vendus sort aujourd’hui son dixième album, pour la première fois produit par ses soins.
Libéré des contraintes d’agenda, le groupe a souhaité prendre son temps, afin de livrer exactement le disque qu’il souhaitait. De quoi amorcer un nouveau virage ?
Une entame électrique
Connue principalement pour ses morceaux radio friendly, la formation prend pourtant le parti d’explorer d’entrée sa face hard rock avec le banger “San Quentin”, sur lequel Chad se fait particulièrement incisif. Rythmique catchy en diable, voix énorme et riffs bien sentis, tous les éléments sont présents pour nous donner envie de headbanger sur ce tube en puissance. Loin de laisser retomber le soufflé, “Skinny Little Missy” poursuit sur les mêmes bases. Ici, ses accents groovy saluent Lenny Kravitz avant d’entamer quelques solos dévastateurs. Quelle claque !
Après nous en avoir mis plein la vue avec ces morceaux gonflés à la testostérone, le quatuor débranche les amplis pour nous inviter à regarder en arrière avec la country “Those Days”. Emplis de nostalgie, les Canadiens y évoquent leur adolescence, entre T-shirt de Motorhead, concert des Guns et rêves de Marty McFly.
Feel Good Inc
Il y a un côté délicieusement anachronique dans ce disque. A contrecourant d’un contexte mondial pour le moins pesant, ce Get Rollin‘ nous plonge dans un road trip ensoleillé nous promettant amour, camaraderie et aventure (naturellement saupoudré d’excès en tout genre).
La rafraichissante “High Time” et ses accents rockabilly nous immerge dans l’insouciance d’un voyage en Van “aromatisé aux herbes“, avant qu’on ne se retrouve brutalement projeté à Vegas pour une nuit de débauche entre potes. Ce “Vegas Bomb” viendra clôturer l’inventaire des morceaux pêchus, avec un côté un peu trop brut de décoffrage pour se hisser au niveau des morceaux d’ouverture. Comme pour se remettre de cette escapade, la formation nous laissera nous réveiller aux sons des vagues de la brumeuse “Tidal Wave”. Ce morceau très aérien, aux arpèges apaisantes, marque la fin du voyage entre potes pour revenir aux fondamentaux de Nickelback : sa quête d’amour.
Always Love
En effet, que serait un disque des Canadiens sans ses ballades romantiques, qui fleurent bon les teen movie ? L’acoustique “Does Heaven Even Know You’re Missing”, cheesy à souhait, semble tout droit sortie de la B.O. des Frères Scott ou de Newport Beach. Si elle a beau avoir ce côté déjà entendu, c’est exactement ce qu’on vient chercher, et force est de constater que le charme opère à merveille. La plus électrique “Horizon” est l’occasion de mettre une nouvelle fois en valeur les capacités mélodiques de son leader, sur une rythmique impeccable agrémentée de quelques gimmicks bien sentis.
Néanmoins, si la voix rocailleuse de Chad a le mérite d’être immédiatement reconnaissable, elle peut également lasser par manque de variation. Les trois dernières étapes du voyage prennent ainsi la forme d’un rond-point, où les quelques nuances ne parviennent pas véritablement à se départir d’un sentiment de trop grande homogénéité. On aurait ainsi apprécié un ultime titre punchy, ou même un featuring, afin de ne pas avoir cette sensation de déjà-vu, caractérisée par le nom du dernier morceau : “Just One More”.
Une nouvelle fois, Nickelback parvient à livrer un album rempli de tubes taillés pour la route. S’ils ne réinventent pas la roue, les titres de ce Get Rollin sont autant d’invitations à l’insouciance et à la fête. Les fans y trouveront leur bonheur, et les curieux en étant restés aux années 2000, une bonne raison de se plonger dans ce très bon cru 2022.
Informations
Label : BMG
Date de sortie : 18/11/2022
Site web : nickelback.com
Notre sélection
- San Quentin
- Does Heaven Even Know You’re Missing?
- Horizon
Note RUL
4/5