Maîtres du metal symphonique, Nightwish sort son dixième album, au nom énigmatique de Yesterwynde. Un disque empreint de nostalgie mais aussi de quelques pointes de renouveau.
Yesterwynde… Derrière ce titre étrange se cache en réalité tout le concept de l’album. Comme l’a expliqué Tuomas Holopainen, le cerveau de la formation, il s’agit d’un mot inventé, sorte de mot-valise suggéré par le multi-instrumentiste de la troupe, Troy Donockley. Le compositeur souhaitait évoquer le sentiment que lui inspirent les vidéos et photographies d’antan remises en couleur. Comme le désir de retrouver un lieu ou une époque que l’on n’a jamais connus.
L’album en profite également pour conclure la trilogie entamée avec Endless Forms Most Beautiful (2015) qui touche aux sujets de l’humanité et de la nature. Yesterwynde en particulier aborde le passage du temps, l’Histoire, la mortalité, etc.
Entre tradition…
Sans donner raison à l’adage “on prend les mêmes et on recommence“, force est de constater que la recette Nightwish est toujours un peu la même depuis quelques albums. Certes, HUMAN. :II : NATURE. (2020) avait une incursion folk pas totalement désagréable, mais le fond de la marmite reste l’orchestre, le combo guitare/basse/batterie et le chant féminin.
Là où l’on sent un changement, c’est dans le fait que Yesterwynde est bien plus lourd que son prédécesseur, ce qui n’est pas pour déplaire. Bien au contraire. Au-delà de ça, ce côté “tradition” se fait surtout ressentir lorsque, à plusieurs reprises dans l’album, on retrouve des motifs, des mélodies vraisemblablement empruntés (que l’on suppose volontairement) à d’anciens morceaux du groupe. Certaines sections instrumentales en rappellent d’autres comme sur l’un des ponts de “An Ocean Of Strange Islands”, qui rappelle celui de “Sahara”. Certaines mélodies vocales sont aussi concernées, comme sur “The Children Of ‘Ata”, qui renvoie au refrain de “Last Ride Of The Day”. Pour n’en citer que quelques-uns.
Floor Jansen, justement, parlons-en, car il ne faut pas l’oublier. Malgré des mélodies vocales parfois répétitives d’une chanson à l’autre, c’est peut-être le disque qui permet le mieux à la Néerlandaise de briller. Oui, même après sa prestation sur le final de “All The Works Of Nature Which Adorn The World”. Puissant, captivant, entêtant. Le chant de Jansen est superbe sur la plupart des morceaux (on ne peut pas en dire autant de celui de Donockley, hélas). On en vient même à souhaiter un retour à des airs plus lancinants et théâtraux, comme ceux de “Beauty And The Beast”, par exemple, même si le refrain de “An Ocean Of Strange Islands” a bien du mal à sortir de la tête.
…et modernité
Désormais dixième album de la formation, on pouvait justement attendre du groupe qu’il se renouvelle, tant dans le fond que dans la forme. Et c’est bel et bien le cas, sur quelques touches plus ou moins timides. Un exemple en particulier fait mouche : il s’agit de “Lanternlight”, sur laquelle le chant de Floor Jansen brille encore plus. Ce morceau, d’abord piano/voix, est ensuite sublimé par un arrière-plan orchestral tout à fait magnifique. Une superbe conclusion qui rompt également avec la tradition (des trois albums précédents) de finir avec un morceau-fleuve épique de plus de dix minutes.
Mais en plus de toucher à des sujets universels comme la mortalité et l’Histoire, Nightwish apporte une touche de modernité à certains morceaux. Une touche… d’électro ?! C’est subtil mais bien là. Les arpèges de synthés de “The Day Of…” ou encore le rythme résolument techno de la batterie sur “The Children Of ‘Ata” ne mentent pas. Rien d’exactement nouveau quand on se souvient de la rythmique de “Wish I Had An Angel” et de “Bye Bye Beautiful”, mais il est intéressant de voir Holopainen revenir dans cette direction. Et bien qu’on n’imagine pas la formation aller plus loin dans ces expérimentations de style, cela rend curieux de voir à quoi pourraient ressembler les prochaines sorties.
Gimmick orchestral
Depuis l’album Century Child en 2002, les compositions de Holopainen ont beaucoup profité de l’ajout d’un orchestre. Certaines des meilleures compositions du groupe ne seraient peut-être même pas aussi excellentes sans cet ajout. On pense évidemment à “Ghost Love Score” (Once), “The Poet And The Pendulum” (Dark Passion Play) ou plus récemment à “The Greatest Show On Earth” (Endless Forms Most Beautiful).
Cette force est évidemment toujours présente sur l’intégralité de ce Yesterwynde. Les envolées de cordes, les chœurs ou l’éclat des cuivres sont toujours du meilleur effet, même après plus de vingt ans avec les mêmes ficelles. Sur ce point, l’ensemble semble même moins prompt à l’utilisation gimmick de l’orchestre, comme cela a été le cas sur les précédents disques. On pense par exemple à cette propension à utiliser l’orchestre comme un riff de guitare presque banal (“Storytime”, “Shudder Before The Beautiful”). Peut-être est-ce dû à des compositions plus lourdes ?
Yesterwynde marque un retour en forme des Finlandais après un album un peu mitigé et moins mémorable. Le retour à un côté plus heavy fait mouche et surtout, on sent le disque plus direct, qui ne s’éparpille plus autant entre différentes idées. C’est tout simplement l’album le plus efficace de Nightwish depuis Imaginaerum (2011).
Informations
Label : Nuclear Blast
Date de sortie : 20/09/2024
Site web : www.nightwish.com
Notre sélection
- An Ocean Of Strange Islands
- The Children Of ‘Ata
- The Antikythera Mechanism
Note RUL
3,5/5
Bonjour
Pour mon avis personnel Yesterwynde est un des meilleurs de Nightwish si ce n’est le meilleur, c’est vraiment tout ce que l’on attendait de ce fabuleux groupe une concécration un pur bonheur.